La Cellule régionale de conseil et de coordination (RACC) contribue au renforcement des compétences en police judiciaire au Burkina-Faso

09.09.2022

« Quelle est la différence entre obtenir une information et procéder à une enquête ? » Sophie Vissy, experte de la mission EUCAP Sahel Mali, pose cette question aux 16 stagiaires issus de la police et de la gendarmerie burkinabé, participant à la formation « Police judiciaire », organisée à Ouagadougou du 29 aout au 9 septembre 2022. Trois femmes, dont deux de la gendarmerie et une de la police, participent aux cours.

L’activité, organisée par la RACC en coopération avec les autorités du Burkina-Faso, et avec le concours d’une formatrice de la mission EUCAP Sahel Mali, développe le rôle de la police judiciaire en général, en insistant sur la cybercriminalité, le blanchiment d’argent, les liens entre le terrorisme et la criminalité organisée, ainsi que sur les violences basées sur le genre.

La formation permet des échanges de points de vue, et encourage la coopération entre les policiers et les gendarmes.

Selon l’une des stagiaires, Pélagie, sous-lieutenante de police âgée de 41 ans, la formation apportera une plus-value dans le travail quotidien. Pélagie est affectée dans une brigade régionale dédiée à la protection des personnes vulnérables, en particulier des femmes et des enfants. Elle déclare avoir accru ses connaissances relatives à son travail, notamment sur le volet genre.

Sa collègue Mamina, affectée à la brigade de gendarmerie de Tanginin Dassouri, confirme ces propos et précise l’intérêt pour elle de la partie de la formation consacrée à la cybercriminalité, pour laquelle les compétences et les moyens sont insuffisants. Enfin, pour Edwige, affectée au secrétariat d’une compagnie de gendarmerie départementale, ce stage aura été l’occasion de découvrir la police judiciaire, et d’envisager une carrière dans cette spécialité.

« En tant que femmes, nous ne sommes pas déployées en unités opérationnelles autant que les hommes, mais au même titre qu’il est essentiel de faire effort sur les droits humains, il est tout aussi important d’avoir plus de femmes sur le terrain », ajoute Pélagie. Elle explique que cela est nécessaire pour garantir le respect des droits (par exemple une policière peut procéder à une fouille sur une femme), ainsi que pour être plus efficace dans la résolution des infractions. Pélagie poursuit en citant le cas des criminels en fuite qui peuvent être recherchés par des agents en civil : si des enquêtrices sont impliquées, les chances de réussite de ce type d’opérations sont accrues.

Chacun des participants valide qu’il faut développer davantage ce type de formations à la police judiciaire, et pour un plus grand nombre de policiers et de gendarmes burkinabés.

La formatrice Sophie Vissy fait part : « En arrivant à EUCAP SAHEL MALI il y a presque deux ans à présent je ne pensais pas vivre une expérience humaine aussi enrichissante surtout auprès de FSI (Force de Sécurité Intérieure). Grâce à la RACC, j’ai eu l’opportunité de participer dans le domaine de la Police Judiciaire à une formation en Mauritanie fin 2021, et une formation au Burkina Faso en 2022. Cette dernière a été un réel partage et échange avec les stagiaires sur chaque journée. Une réelle osmose et entente entre tous s’est créée dès la première journée alors que la Police et la Gendarmerie étaient représentées ». A l’occasion de la cérémonie de clôture, Sophie a ajouté : « Je repartirai d’ici amplement satisfaite de mon expérience et j’espère que les stagiaires garderont de bonnes pratiques et techniques de travail pour leurs missions futures ».

Travailler ensemble, policiers et gendarmes burkinabè et européens, au sein de cette classe a été pertinent, et les a renforcés dans leur lutte commune contre le terrorisme et la criminalité organisée au Sahel comme en Europe.