Renforcement des compétences des agents sahéliens des Forces de Sécurité Intérieure dans la lutte contre le trafic de drogue et la contrebande

« Les organisations criminelles bénéficient de complicités et de ressources financières leur permettant d'utiliser des moyens de dissimulation de plus en plus sophistiqués », explique Xavier Deville, expert d’EUCAP Sahel Niger, à son auditoire attentif. Il s'adresse aux 19 policiers et gendarmes tchadiens participant au stage « Lutte contre le trafic de drogue » alors qu’il apparait sur un écran depuis Niamey.

Le cours a été organisé par la Cellule de coordination régionale de l'UE pour le Sahel (RACC) en coopération avec EUCAP Sahel Niger (l'une des deux missions civiles de renforcement des capacités de sécurité de l'UE déployées au Sahel) et la police et la gendarmerie tchadiennes.

Parmi les dix-neuf agents des forces de l'ordre tchadiens qui ont suivi le cours à N’Djamena du 23 au 25 août 2022, figurait une femme du Département d'enquête spéciale et de l'Office central contre la drogue et le terrorisme.

Les sujets abordés lors de cette formation tels que "les types de stupéfiants produits, consommés et trafiqués dans le monde", "les itinéraires suivis par les trafiquants de drogue", "la manière dont les drogues peuvent être dissimulées" et "les implications financières liées au trafic et à la contrebande de drogue" ont généré d’intéressants débats entre les participants et le formateur.

En ce qui concerne cette activité organisée par le RACC au Tchad, il est important de souligner que la lutte contre le crime organisé, qui comprend le trafic de drogue, est l'une des activités au cœur de l'action du G5 Sahel. Le renforcement de ces capacités des acteurs du secteur de la sécurité est également l'un des principaux objectifs de la Cellule de coordination régionale de l'UE pour le Sahel (RACC).

Le renforcement des compétences des agents de sécurité sahéliens est crucial pour la sécurité des citoyens de l'UE, car la criminalité organisée est mondiale et les menaces ne peuvent être combattues efficacement que par une coopération et des actions internationales.

Plus important, le cours a apporté une plus-value dans le parcours professionnel des participants : « J’ai dix ans de service à l'Office central de lutte contre la drogue mais grâce à ce stage aujourd'hui j'ai enfin les connaissances légales nécessaires en la matière, c'est à dire la maîtrise de la loi relative à l’usage illicite des stupéfiants et substances psychotropes au Tchad (Loi 22/PR/95 du 28 septembre1995), Je suis plus que fière », explique Alphonsine Allahodoum, la seule participante féminine, occupant un poste de direction au sein de l'Office central de lutte contre la drogue et le terrorisme. « J'aimerais bien que cette formation très intéressante soit à nouveau organisée pour que d'autres collègues en bénéficient et pour qu'ensemble nous luttions contre ce phénomène qui détruit notre jeunesse », a ajouté Alphonsine à la fin du parcours de formation.

« La lutte contre les trafics de drogues est actuellement un problème transfrontalier et même souvent transcontinental qui nécessite une prise en compte au niveau international pour être efficace » a commenté Xavier Deville à l’occasion de la clôture de la formation.

Cristian Baros de la RACC a ajouté : « Le trafic de drogues au Sahel est une source majeure de revenus pour les groupes criminels organisés impliqués dans le terrorisme ou d'autres formes de crimes graves tels que l'immigration d'Afrique vers l'Europe, le trafic d'armes dans la région ou l'esclavage dans les mines d'or ».