La protection des civils au cœur des activités de la RACC : une troisième formation à la judiciarisation des opérations militaires a été organisée à Nouakchott

17.02.2023

« Une opération militaire n'est pas de la musique. Elle implique des actions visant à neutraliser un élément dangereux ». Le lieutenant-colonel Kouagri Natama du Burkina Faso a prononcé ces mots devant un public de 36 officiers de haut rang de Mauritanie, du Tchad, du Niger et du Burkina-Faso participant à un cours de formation sur la "judiciarisation des opérations militaires" organisé par le Collège de Défense du G5 Sahel, avec le soutien de la Cellule Régionale de Conseil et de Coordination de l'UE pour le Sahel (RACC).

Pour la 3ème année, le RACC soutient le cours de haut niveau, développé par le Collège. Le cours a eu lieu du 13 au 15 février à Nouakchott, Mauritanie et fait suite à des modules similaires pour les officiers supérieurs de l'armée sahélienne.

Le lieutenant-colonel burkinabé est un formateur, mais aussi un participant au cours. Il partage son expérience en tant que CONSPOL (conseiller de police) sur une opération menée par la force conjointe du G5 Sahel. Dans son exposé, il explique comment le conseil sur la manière d'opérer dans le respect de la loi et des droits de l'homme peut contribuer au résultat positif global d'une opération militaire et à la réconciliation avec la société civile.

Faisant une référence historique, Kouagri Natama explique dans sa conférence que depuis les siècles passés le déploiement des forces de sécurité et de défense as une longue tradition, pour exemple en France, impliquant que le pouvoir judiciaire assure la lutte contre l'impunité, le respect des droits de l'homme, le renforcement de la confiance entre les forces armées et la société civile des pays qu'elles ont pour mission de protéger.

Le soutien du RACC à l'Etat de droit est formalisé par le soutien à la judiciarisation au sein de la force conjointe du G5 Sahel, assurant que les opérations militaires sont conduites dans le plein respect de l'Etat de droit et des droits de l'homme. La judiciarisation reste l'instrument clé au niveau régional et national dans la lutte contre l'impunité.

La force conjointe du G5 Sahel mène des opérations militaires transfrontalières pour lutter contre le terrorisme et le crime organisé transfrontalier (par exemple, le trafic d'armes, d'êtres humains, de drogues).

Conduire des opérations militaires en impliquant un volet judicaire est un aspect essentiel de la lutte contre l’impunité, le respect des droits humains, et le renforcement de la confiance entre les forces armées et la société civile, dont les armées nationales doivent assurer la protection.

Le cours a inclus des sujets tels que l’amélioration de la qualité des procédures pénales, et le partage de bonnes pratiques sahéliennes.

« Cela m’a enfin permis de comprendre pourquoi des gendarmes sont avec nous, les militaires, sur le champ de bataille. Ce n’est pas pour nous surveiller. Il s’agit d’apporter une plus-value à notre travail sur le terrain. Pour s’assurer qu’un jour nous ne serons pas mis en cause de manière infondée, et également pour qu’aucun crime ne soit commis dans l’exécution de nos fonctions sur le terrain ». En quelques mots, un lieutenant-colonel sahélien qui préfère garder l’anonymat, décrit pourquoi le mécanisme de judiciarisation est essentiel, pour la protection des civils, des militaires, et pour renforcer la sécurité au Sahel dans le respect de l’Etat de droit.

Speakers at a conference