Augmenter la cohérence des dispositifs sécuritaires sur les routes du Sahel pour renforcer la lutte contre la criminalité organisée et prévention du terrorisme

03.02.2023

Pourquoi mettre en relation la sécurité routière et la lutte contre la criminalité organisée ou la prévention du terrorisme en Mauritanie est important pour la sécurité au Sahel ?

Pour plusieurs raisons.  En voici une réponse.

Au Sahel comme en Europe, pour que la lutte contre la criminalité organisée et la prévention du terrorisme soit efficace, toutes les forces de sécurité intérieure doives être impliquées de façon coordonnée, également celles qui sont chargées de la sécurité routière.

Ce mois de janvier, l'expert sécurité intérieure de la Cellule de Conseil et de Coordination Régionale UE au Sahel (RACC), conseiller à la Délégation de l'UE à Nouakchott (capitale de la Mauritanie), Emmanuel Kiehl, a rencontré le directeur du Groupement Général de la Sécurité Routière (GGSR), une force de sécurité créée en 2011, actuellement composée de 2000 agents.

Actuellement, l’activité prédominante du GGSR est centrée sur la sécurité routière. Les autres missions qui lui sont dévolues, comme la lutte contre le trafic de stupéfiants ou l’immigration irrégulière restent marginales, notamment en raison d’un manque de formation.

Ce défi était évoqué pendant l’entretien de l’expert RACC lors de sa visite au GGSR. L’accroissement du trafic routier et de la population dans des villes comme la capitale Nouakchott (environ 1,5 million d'habitants), et Nouadhibou, la deuxième plus grande ville située au nord du pays, en bord de mer (90 000 habitants), entraine, de façon proportionnelle, une augmentation des problèmes liés à la circulation routière ainsi qu’une forte augmentation du nombre d’accidents de la route ces dernières années.

Pour faire face à cette inquiétude, les effectifs de la GGSR augmenteront en nombre d’ici 2025 pour atteindre 4500 agents.

Ces besoins des partenaires Sahéliens doit être comblés. C’est pourquoi, dans le cadre de son mandat régional, la RACC a maintenant sur sa liste de choses à faire une demande de soutien aux missions EUCAP SAHEL Mali et Niger, afin que des formations spécifiques soient dispensées au profit de la GGSR.

Certains sujets identifiés par la RACC pour atteindre ces objectifs, sont la détection des différentes formes de stupéfiants à l’occasion des contrôles routiers, ou le dépistage de la conduite sous l'emprise de stupéfiants. La consommation de drogues augmente en Mauritanie et, avec elle, le risque d'accidents de la route.

Dans l’esprit d’une approche intégrée avec tous les acteurs qui s’engage sur le terrain au bénéfice des partners sahéliens ces actions prendront en compte d’autres activités développées de manière bilatérale par certains Etats Membres de l’UE tels que l’Espagne qui soutient les autorités mauritaniennes dans le renforcement de leurs capacités en matière de sécurité routière depuis 2021. D’ici quelques jours d’ailleurs, des experts espagnols dispenseront une formation d’une durée de 3 semaines au profit de 90 membres du GGSR.

L’amélioration de l’efficacité d’intervention professionnelle en raison de la participation des effectifs du GGSR à la sécurisation nocturne de la capitale Nouakchott, aux côtés de la police et de la gendarmerie, fait beaucoup de sens. D'autant plus que le personnel du département GGSR participe au quotidien aux contrôles routiers aux entrées de la ville en horaire nocturne.

Le respect des droits humains étant au cœur de toutes les activités de la RACC, cet aspect a également été évoqué durant l’entretien.  Selon son directeur général, les GGSR sont tenus de garder une attitude exemplaire envers les automobilistes. Cela implique aussi que les agents soient progressivement équipés de caméras corporelles pour enregistrer la manière dont se déroulent les contrôles. Disposer de tels équipements serait aussi une protection pour les officiers lorsqu'ils sont confrontés à des conducteurs irascibles ou violents.

En résume, ce genre de soutien devrait favoriser un type d'intervention routière plus efficace et coordonnée, contribuant à un meilleur résultat pour la sécurité et la sûreté du pays.

Plus de cohérence dans les dispositifs sécuritaires et d’intervention, également sur les routes, est propice à la montée en puissance des acteurs de l’état en charge de protéger les citoyens.

C’est le cas au Sahel comme en Europe.