Il est temps de faire avancer l'intégration des Balkans occidentaux à l'UE

Blog du HR/VP - Cette semaine, je me suis rendu en Macédoine du Nord, en Albanie et en Bosnie-Herzégovine. Leurs dirigeants ont condamné sans appel l’invasion de l’Ukraine par la Russie et les trois pays se sont associés à nos sanctions contre la Russie. Nous sommes unis dans les efforts que nous déployons pour mettre fin à la guerre et venir en aide aux Ukrainiens. J’ai fermement insisté sur le fait que l’UE était déterminée à soutenir davantage encore les Balkans occidentaux et à faire avancer la région sur la voie de son intégration à l’Union européenne.

«Notre soutien pratique et une vision claire de la voie à suivre pour intégrer l’UE sont essentiels pour maintenir fermement des Balkans occidentaux pacifiques et stables sur leur trajectoire européenne.»

 

La guerre en Ukraine fait remonter à la surface des souvenirs précis des guerres survenues à l’occasion de l’éclatement de l’ex-Yougoslavie, dans les années 1990 et au début des années 2000. Depuis lors, l’Union européenne s’est fortement mobilisée en faveur de la région. Nous nous sommes employés à panser les blessures laissées par ces conflits et nous avons contribué à régler les différends qui subsistaient et à moderniser les sociétés et les économies, dans la perspective d’une adhésion à l’Union européenne. L’avenir des Balkans occidentaux réside clairement dans l’UE et ces pays ne sont pas notre arrière-cour, mais bien notre cour intérieure.

Une résurgence préoccupante des tensions dans la région

Dès avant le déclenchement de la guerre en Ukraine, toutefois, on a assisté à une résurgence préoccupante des tensions dans la région, en particulier en Bosnie-Herzégovine et entre la Serbie et le Kosovo. Nous avons été témoins d’ingérences extérieures tentant de déstabiliser nos voisins et d’affaiblir l’Union européenne, notamment sous la forme de campagnes de désinformation insidieuses et bien documentées, orchestrées par la Russie. Les grandes difficultés liées à la pandémie de COVID-19 en Europe ont ainsi été exploitées, mais ces campagnes de désinformation ont surtout connu une forte montée en puissance depuis le début de la guerre en Ukraine. Les craintes de voir les prix de l’énergie et de l’alimentation s’envoler du fait de la guerre en Ukraine sont également très fortes dans des Balkans occidentaux aux niveaux de vie bien inférieurs à ceux de l’UE. C’est ce qui est ressorti nettement de mes discussions avec les autorités et les représentants de la société civile.

 

«Nous sommes conscients des frustrations suscitées dans la région par les contretemps survenant sur la voie de l'adhésion à l'UE. Notre soutien pratique et une vision claire de la voie à suivre pour intégrer l’UE sont essentiels pour maintenir fermement la région sur cette trajectoire.»

 

Nous apportons un soutien important à la lutte contre la désinformation et au renforcement de la cyberrésilience. Nous sommes unis dans notre détermination à mettre fin à la guerre injustifiée et non provoquée en Ukraine et mettons nos forces en commun afin d’imposer de lourdes sanctions au régime de Poutine. En Albanie, j’ai félicité le pays pour avoir mis à profit son siège de deux ans au Conseil de sécurité des Nations unies en travaillant main dans la main avec l’UE dans l’intérêt de la paix et de la justice internationale. Nous sommes conscients des frustrations suscitées dans la région par les contretemps survenant sur la voie de l'adhésion à l'UE. Les populations des Balkans occidentaux sont très déterminées à adhérer à l’UE. J'ai été frappé par la remarque d’une jeune femme, affirmant que «si l’UE ne vient pas à nous, nous irons à l’UE». Les chiffres élevés de l’émigration parlent d’eux-mêmes: nombreux, en effet, sont les jeunes qui quittent la région pour venir s’installer dans l’UE.

Notre soutien pratique et une vision claire de la voie à suivre pour intégrer l’UE sont essentiels pour ancrer fermement la région à sa trajectoire européenne.» J’ai confirmé aux dirigeants de la Macédoine du Nord et de l’Albanie que leurs deux pays avaient bien satisfait à toutes les exigences requises pour entamer les négociations d’adhésion avec l’UE. Ils sont également intégralement alignés sur nos décisions en matière de politique étrangère. Je veille personnellement à ce que les négociations d’adhésion débutent dès que possible. Le coup d’envoi doit avoir lieu tout prochainement, toujours sous la présidence française du Conseil de l’UE. J’encourage la Macédoine du Nord et la Bulgarie à faire de la résolution de leurs problèmes bilatéraux non résolus une priorité. Il est clairement dans l’intérêt stratégique de l’UE d’aller de l’avant.

Notre engagement à protéger la sécurité et la stabilité en Bosnie-Herzégovine et au-delà

En Bosnie-Herzégovine, la situation est devenue très préoccupante ces derniers mois. J’ai rencontré les troupes servant dans notre opération militaire européenne dans le pays, à savoir l’opération EUFOR ALTHEA. Afin de souligner notre engagement et notre détermination à protéger la sécurité et la stabilité en Bosnie-Herzégovine et au-delà, nous avons récemment décidé de doubler l’effectif des forces armées de l’UE présentes dans le pays. Nous sommes en effet résolus à défendre nos valeurs contre des menaces extérieures et à maintenir la stabilité dans notre voisinage proche.

J’ai insisté auprès de tous les dirigeants élus du pays sur notre désir de voir la Bosnie-Herzégovine progresser à nouveau sur la voie de son adhésion à l'UE. J’ai bien précisé en particulier que les autorités de la Republika Srpska devaient revenir à une attitude plus constructive pour assurer un véritable processus décisionnel dans l’ensemble des institutions publiques de Bosnie-Herzégovine. Au cours des neuf derniers mois, nous nous sommes employés à faciliter les discussions sur un ensemble complet de réformes constitutionnelles et électorales. D’importants progrès avaient été réalisés et nous étions dans la dernière ligne droite lors de ma venue en Bosnie-Herzégovine. Les pourparlers se sont poursuivis quatre jours durant après mon départ du pays, mais ils n’ont débouché sur aucun accord.

 

«En ces temps où la sécurité de l’Europe fait face à des défis sans précédent, il incombe tout particulièrement aux dirigeants de la Bosnie-Herzégovine de préserver l’unité, la souveraineté et l’intégrité territoriale de leur pays.»  

 

Les responsables politiques de Bosnie-Herzégovine ont laissé passer là une autre occasion en or de résoudre des différends de longue date. Des priorités à court terme ont pris le pas sur la nécessité de trouver un compromis à long terme dans l’intérêt de la population. En ces temps où la sécurité de l’Europe fait face à des défis sans précédent, il incombe tout particulièrement aux dirigeants de la Bosnie-Herzégovine de surmonter leurs désaccords afin de préserver l’unité, la souveraineté et l’intégrité territoriale de leur pays.

Des échanges fructueux avec les représentants de la société civile

Lors de mon déplacement dans ces trois pays, j’ai eu la possibilité de m’entretenir avec des représentants de la société civile. En Bosnie-Herzégovine, j’ai rencontré des femmes extraordinaires engagées dans des activités de consolidation de la paix, qui m’ont confié combien la guerre et l’instabilité actuelles faisaient resurgir des souvenirs et des craintes particulièrement pénibles. En Albanie et en Macédoine du Nord, j’ai fait la connaissance de journalistes, de vérificateurs de faits, de chercheurs et d’universitaires qui luttent contre la désinformation et la manipulation de l’information. Nombre d’entre eux ont aussi contribué activement à la conférence sur l’avenir de l’Europe. J’ai également reçu, à Skopje, les contributions d’un groupe de jeunes gens ayant en commun des idées concrètes sur la démocratie, l’état de droit et le pacte vert. Je leur ai dit que l’avenir de l’Europe était davantage leur avenir que le mien et que l’UE était un gage de survie pour les Européens. Leur engagement contribue à construire l’avenir de leurs pays au sein de la famille européenne: une Union de démocraties régies par l’état de droit.

 

«L’engagement de la société civile dans les Balkans occidentaux contribue à construire l’avenir de ces pays au sein de la famille européenne: une Union de démocraties régies par l’état de droit.»

 

L’attaque brutale de Poutine contre l’Ukraine force tous les pays à faire un choix. Un choix entre l’état de droit et la loi du plus fort, entre un ordre fondé sur des règles et un monde régi par l’agression brute. Tous les pays dans lesquels je me suis rendu partagent notre détermination à tenter de mettre fin à cette guerre inacceptable en Ukraine. Il nous faut continuer de collaborer étroitement pour maintenir fermement des Balkans occidentaux pacifiques et stables sur leur trajectoire européenne.

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