Pourquoi l'UE travaille-t-elle avec les « pays du G5 Sahel » en Afrique ?
En 2014, le Burkina Faso, le Tchad, le Mali, la Mauritanie et le Niger ont mis en place le groupe des pays du « G5 Sahel » pour accroitre la coopération entre ces pays en matière de sécurité notamment, et relever les défis majeurs auxquels ces pays sont confrontés. Depuis, l'UE a intensifié sa coopération avec cette initiative dirigée par les 5 pays du G5 Sahel pour construire un partenariat solide sur de nombreux fronts: du dialogue politique au développement et au soutien humanitaire, en passant par le renforcement de la sécurité et la lutte contre la migration irrégulière.
La région du Sahel est confrontée à un certain nombre de défis urgents tels que l'extrême pauvreté, les crises alimentaires et nutritionnelles fréquentes, les conflits, les migrations irrégulières et la criminalité telle que la traite des êtres humains et le trafic de migrants. L'extrémisme violent pose également de graves problèmes sécuritaires dans la région et a des répercussions potentielles en dehors de la région, y compris en Europe.
Quels sont les principaux domaines de soutien de l'UE aux pays du G5 Sahel ?
L'UE soutient désormais les pays du G5 Sahel sur trois axes principaux:
Comment l'UE est-elle impliquée dans l'Alliance Sahel ?
L'UE est membre de l'Alliance Sahel, lancée et signée par la France, l'Allemagne et l'UE en juillet 2017. Elle est actuellement composée de 10 membres : France, Allemagne, Italie, Espagne, Royaume-Uni, Luxembourg, Union Européenne, PNUD (Programme des Nations Unies pour le développement), BAD (Banque Africaine de Développement) et Banque mondiale. Elle vise à coordonner et à délivrer l'aide plus rapidement et plus efficacement dans la région. Elle cible en particulier sur les zones périphériques, transfrontalières et fragiles du Sahel. Depuis son lancement, l'Alliance pour le Sahel a identifié six domaines prioritaires : (1) l'emploi des jeunes; (2) le développement rural, l'agriculture et la sécurité alimentaire; (3) le climat, notamment l'accès à l'énergie, l'énergie verte et l'eau; (4) la gouvernance; (5) le soutien au retour des services de base sur tout le territoire, y compris par la décentralisation; (6) la sécurité.
Quel soutien l'UE apporte-t-elle au Sahel en matière de sécurité ?
L'UE a pleinement soutenu cette initiative menée par les pays du G5 depuis le début et a fourni une contribution initiale de 100 millions d'euros pour faciliter sa mise en place. Ce financement est fourni par le biais de la Facilité de paix pour l'Afrique et ne peut couvrir que du matériel non létal. Ce soutien comprend également la mise en place et l'opérationnalisation d'un cadre de conformité aux Droits de l'Homme et au Droit Humanitaire International pour la Force Conjointe du G5 Sahel, en partenariat avec le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme (HCDH).
S'appuyant sur la capacité et l'expertise de l'UE en matière de planification militaire, l'UE a mis en place un centre de coordination unique en son genre pour rassembler les nombreuses offres de soutien international à la force conjointe du G5. Le centre est déjà opérationnel et permet aux donateurs d'acheminer l'aide indispensable. En pratique, il fonctionne en faisant correspondre les offres des donateurs à une liste de besoins reconnue, fournie, et déterminée par la force conjointe.
La force conjointe sera composée de troupes du Mali, de la Mauritanie, du Niger, du Burkina Faso et du Tchad et opérera dans les cinq pays. L'initiative est d'intensifier l'action sur la sécurité, notamment dans les zones frontalières des pays du Sahel confrontés à des menaces terroristes et sécuritaires, les pays du G5 Sahel ayant mis en place leur propre force de sécurité régionale. Concrètement, la force conjointe du G5 disposera de forces permanentes déployées le long des frontières, capables de fonctionner ensemble sous une structure de commandement et de communication centralisée. Cela permettra de faire face à la menace terroriste et sécuritaire urgente dans la région, qui est un problème transfrontalier pour tous les pays concernés.
L'UE compte actuellement trois missions PSDC et une action spécifique au Sahel:
- EUCAP SAHEL Niger est une mission civile de renforcement des capacités soutenant les Forces de Sécurité Intérieure nigériennes (Police, Gendarmerie, Garde Nationale) afin de renforcer les capacités nigériennes de lutte contre le terrorisme, le crime organisé et les migrations irrégulières, par le conseil, la formation et la fourniture d'équipement. La mission a établi un bureau régional à Agadez, avec une présence permanente depuis avril 2016. Elle apporte son soutien à la présidence nigérienne du G5, en particulier sur l'opérationnalisation de la composante police de la Force Conjointe du G5 Sahel. Son mandat devrait être renouvelé à partir du 1er Octobre pour une période de deux ans.
- EUCAP Sahel Mali est une mission civile fournissant une expertise en matière de conseil stratégique et de formation à la police malienne, à la gendarmerie et à la garde nationale ainsi qu'aux ministères concernés afin de soutenir la restructuration des Force Maliennes de Sécurité Intérieure et la réforme dans le secteur de la sécurité. Son mandat s'étend jusqu'en janvier 2019. La mission soutient également la conceptualisation et l'opérationnalisation de la composante police malienne de la Force Conjointe du G5 Sahel, en coordination avec les autres missions PSDC dans la région.
- EUTM Mali est une mission de formation militaire conseillant les autorités maliennes dans la restructuration des Forces Armées Maliennes, via la formation de bataillons (8 entre 2013 et 2017) et le soutien à l'élaboration de la première loi de programmation militaire jamais adoptée au Mali.
- En complément de ces trois missions, l'UE a initié, à l'été 2017, un processus de régionalisation de son action PSDC au Sahel visant à combiner les activités civiles et militaires avec pour objectif final de renforcer la capacité de coopération des cinq pays du G5 Sahel. Dans le contexte de la régionalisation, un réseau d'experts en sécurité et défense a été établi, composé d'experts dans les délégations de l'UE et de points de contact au sein des trois missions existantes.
Comment l'UE soutient-elle le processus de paix au Mali ?
L'UE soutient activement le processus de paix au Mali. Elle est l'un des garants de l'accord pour la paix et la réconciliation signé en 2015. L'UE soutient la résolution du Conseil de Sécurité des Nations unies pour des sanctions ciblées contre ceux qui menacent l'accord de paix au Mali, et est un partenaire majeur du Mali en matière de sécurité et de développement. Deux missions PSDC de l'UE, une militaire (EUTM) et une civile (EUCAP Sahel Mali) fournissent des conseils stratégiques et forment les forces armées et de sécurité du Mali ainsi que les ministères concernés afin de contribuer à la restauration de l'intégrité territoriale malienne, la protection de la population, et afin de soutenir les réformes dans le secteur de la sécurité. La Haute Représentante/Vice-Présidente, Federica Mogherini, s'est rendue au Mali en juin 2017 et a annoncé un soutien de l'UE de 500 000 euros au « Comité de suivi de l'accord pour la paix et la réconciliation au Mali ».
Comment l'UE soutient-elle la région avec l'aide humanitaire ?
L'Union européenne est l'un des principaux fournisseurs d'aide humanitaire aux pays du Sahel (y compris le Nigeria et le Sénégal). En 2017, la Commission européenne a alloué 240 millions d'euros pour l'aide alimentaire, la nutrition, la santé, l'eau et l'assainissement, et la protection. En outre, l'UE soutient également des initiatives de réduction des risques de catastrophe afin d'améliorer la préparation et la réponse aux situations d'urgence. Grâce au soutien de l'UE, plus de 1,9 millions de personnes vulnérables ont reçu une aide alimentaire en 2017. L'UE a également soutenu le traitement de 455 000 enfants.
Soutien de l'UE par pays du G5 Sahel:
Burkina Faso
Mali
Mauritanie
Niger
Tchad