Un Partenariat de Confiance À l’occasion de l'anniversaire de l'Accord de Paix, la République Centrafricaine et l’Union européenne s'accordent sur les priorités politiques et stratégiques

12.02.2020
Bangui

Coïncidant avec la célébration du premier anniversaire de l'Accord politique pour la paix et la réconciliation en République centrafricaine (APPR-RCA), le Gouvernement centrafricain et l’Union européenne (UE) ont tenu le 12 février 2020 une nouvelle session du dialogue politique UE-RCA.

Ce dialogue était co-présidé par S.E. Faustin-Archange Touadéra, Président de la République, et par S.E. Mme Samuela Isopi, Ambassadrice de l'Union européenne à Bangui, en présence du Premier Ministre, SE Firmin Ngrebada, de nombreux membres du Gouvernement, des Ambassadeurs et représentants du Service Européen pour l'Action extérieure, de la Belgique, l'Allemagne, la France, l'Italie et le Portugal, ainsi que des chefs des deux missions européennes déployées en RCA en appui aux forces de défense et de sécurité, EUTM et EUAM. 

Ce dialogue soutenu et régulier sur toutes les questions d’intérêt mutuel est prévu par l’article 8 de l’Accord de Cotonou, sur  les relations entre l'UE et les pays ACP (Afrique, Caraïbe, Pacifique).

Toutes les grandes priorités du partenariat multidimensionnel entre la Centrafrique et l'UE ont été abordées pendant le dialogue: la coopération pour le développement, mais aussi la mise en œuvre de l'Accord de paix, les élections, la bonne gouvernance, la justice et les droits de l'homme et la réforme du secteur de la sécurité, domaines dans lesquels l'UE joue un rôle de premier plan en tant que partenaire et bailleur de la RCA. Ce qui a pu être mis en exergue lors des récentes Journées Portes Ouvertes de l'Union européenne qui se sont déroulée du 28 au 31/11/2019.

  1. Un an après sa signature, les deux parties ont salué les avancées dans la mise en œuvre de l'APPR, qui reste en priorité. L'Accord bénéficie du plein soutien de l'UE, comme seule solution politique pour une sortie durable de la crise. L'Union européenne a salué le rôle positif des garants et facilitateurs ainsi que l'engagement accru de la région pour le respect de l'APPR, témoigné par la reprise des Commissions-mixtes avec le Cameroun, le Congo et le Tchad, qui ont permis d'enclencher une nouvelle dynamique régionale.Le Gouvernement et l'UE se sont félicités des avancées enregistrées dans le respect de certains engagements par les parties. Ils ont néanmoins  déploré les violations persistantes et  les actes de violence commis contre la population civile, qui pour la partie européenne "n'ont aucune raison d'être un an après l'Accord". Les deux parties ont également rappelé l'importance du processus de désarmement, y compris de sa synchronisation avec les USMS, et de la justice, qui demeurent des éléments essentiels de l'Accord.Pour la deuxième année de sa mise en œuvre, les deux parties ont appelé à une application plus ambitieuse et effective des engagements pris par les signataires. Elles ont en particulier mis l'accent sur le renforcement des mécanismes de pilotage de l'APPR et sur l'adoption de sanctions, en cas de violation de l'Accord, conformément à son article 35. Le Gouvernement et l'UE ont salué les avancées dans la mise en œuvre des projets de développement financés notamment à travers le Fonds Bekou, visant à offrir aux populations centrafricaines des dividendes concrets de la paix. Ils ont également mis l'accent sur l'importance d'une plus forte inclusivité du processus à travers une implication accrue de la société civile, des femmes et des jeunes dans la mise en œuvre et la vulgarisation de l'APPR.Les financements de l'UE en appui aux différents piliers de l'Accord de paix, notamment la consolidation de l'Etat et de ses institutions, la restauration de l'autorité de l'Etat, la justice et la réconciliation, la réintégration dans les USMS (formation des premiers 539 éléments à Bouar achevée) et la réduction de la violence communautaire à travers le programme CVR, visant la Réduction de la violence communautaire, la cohésion sociale, les services sociaux et le développement socio-économique, se situent depuis la signature de l'APPR à plus de 250 millions d'euros. De nouveaux programmes, tels que le RELSUD visant notamment 5 préfectures du Sud-est, ont pu être lancés suite à la signature de l'Accord,  permettant au Gouvernement et à l'Union européenne d'intervenir dans des zones plus sensibles qui étaient auparavant inaccessibles.
  2. Les deux parties ont souligné la nécessité que la mise en œuvre de l'APPR se poursuive dans un esprit constructif  tout au long de cette année électorale. Le déroulement d'élections présidentielles et législatives paisibles, crédibles, transparentes et inclusives  dans les délais constitutionnels prévus s'avère indispensable pour la consolidation des acquis démocratiques, la stabilité, le retour de la sécurité, le développement du pays et la réussite de l'APPR.Les deux parties ont particulièrement insisté sur le besoin que le déroulement de la campagne et le débat autour des élections se fassent dans le respect de la Constitution et de la loi, en rappelant l'importance de l'adoption d'un code de bonne conduite, de la liberté des médias, du respect de la déontologie et du refus de tout discours de haine et fake news.  Il appartient à l’ensemble des partis politiques de faire preuve de responsabilité dans le cadre la campagne électorale.Dans ce contexte, l'UE a reconfirmé son engagement en faveur des élections à travers un soutien financier global programmé de 17,5 millions d'euros comprenant une importante contribution au programme d'appui au processus électoral PAPEC géré par le PNUD (dont l'UE sera le premier contributeur),  une assistance technique qui sera déployée auprès de l'ANE et un appui ciblé à la participation des femmes, mis en œuvre par l'agence de coopération belge ENABEL. Le Gouvernement et l'UE ont  également encouragé la communauté internationale à participer au financement du basket fund géré par le PNUD.
  3. La gouvernance du secteur de sécurité est le fer de lance du partenariat entre la RCA et l'UE, le but ultime étant de voir l'autorité de l'Etat étendue sur tout le territoire. A cet effet, depuis 2016,  les actions menées au profit des Forces Armées Centrafricaines par l'UE au travers de sa mission militaire de conseil stratégique et de formation, EUTM, se poursuivront pour accompagner la Centrafrique dans la construction d'une armée professionnelle, inclusive, républicaine, moderne et capable, sous contrôle démocratique, répondant aux standards internationaux. Le dialogue a aussi donné l'occasion de présenter la nouvelle mission civile européenne de conseil stratégique et d’appui à la transformation des Forces de Sécurité Intérieures (FSI) - EUAM (European Union Advisory Mission) qui sera déployée à partir du mois de mars. L'appui européen à la reforme et au déploiement des forces de défense et sécurité se poursuivra également à travers des projets d'appui à la mise en œuvre du Plan National de la Défense et un programme d'aide budgétaire sectorielle visant le déploiement des FSI sur le terrain et la réorganisation des services de gestion financière et des ressources humaines du Ministère de la Sécurité PubliqueLe partenariat UE-RCA dans le domaine de la RSS (Réforme du Secteur de la Sécurité) se poursuivra dans un esprit de transparence et d'étroite coordination avec la Minusca et les partenaires engagés dans ce domaine.
  4. La coopération au développement UE-RCA devra continuer à bénéficier le maximum à la population centrafricaine. Les deux parties se sont félicitées de la densité, de la solidité et de l’étendue de leur partenariat dans le secteur socio-économique : principal acteur en matière de coopération au développement, l’UE apporte un soutien multiple, ciblant la consolidation de l'Etat à travers des programmes d'aide budgétaire, la gouvernance économique, la justice et l'Etat de droit, la Réforme du Secteur de la Sécurité et le retour de l'autorité de l'Etat, les services de base tels que la santé, l'éducation, l'eau et l'assainissement, la relance économique, la cohésion sociale et l'appui au retour, la médiation, le retour de la paix, l'aide humanitaire, la protection de l'environnement et la biodiversité. Depuis 2014, l’UE a mobilisé environ 900 millions d'euros en appui à la RCA. Pendant cette période, la moitié de la population centrafricaine a pu bénéficier des programmes financés par l'UE dans les différents domaines avec plus de 3 millions de consultations médicales, 150 000 enfants vaccinés et 140 000 accouchements assistés; 200 000 enfants scolarisés et 1.600 enfants ex-combattants réintégrés; 800 000 paysans formés et assistés pour accroître leur production. Les engagements de l'UE sont complétés par les engagements bilatéraux de ses Etats-membres dans une optique de complémentarité et mutualisation des efforts.
  5. Pour l'avenir, les deux parties souhaitent que la stabilisation politique et sécuritaire du pays puisse avancer  main dans la main avec le développement et l'amélioration de la gouvernance économique. Les attentes de paix, d’équité et de développement du peuple centrafricain nécessitent le renforcement des capacités de gestion et de contrôle de l'État.
  6. Une bonne gouvernance repose également sur la promotion des droits de l'homme, de l'accès à la justice, et de la lutte contre la désinformation.Les deux parties sont convenues du besoin de réformes ambitieuses, permettant  de créer et soutenir un ordre politique, juridique et médiatique qui protège les citoyens et renforce la confiance dans les institutions démocratiques. La République centrafricaine et l'UE partagent pleinement ces objectifs et ces valeurs et ont réitéré l'importance du respect des droits fondamentaux avec un accent particulier sur les femmes, à travers l'accès équitable à la justice, la participation dans la vie politique, la prévention et la lutte contre les Violences Basées sur le Genre (VBG). Dans ce cadre, les deux parties se sont félicitées des différents projets financés par l'UE, notamment dans le secteur de la justice (dont l'UE constitue le principal partenaire grâce à ses appuis à la Cour Pénale Spéciale, et au système judiciaire national, entre autres), de la participation des femmes et des jeunes à la vie politique et de la réduction de la VBG. Les deux parties ont rappelé le dialogue fructueux dans ce secteur, illustré par le nouveau programme d'appui budgétaire de l'UE de 10 millions d'euros à la mise en œuvre la Stratégie pour la Justice 2020-2024, adoptée en 2019 par le Gouvernement centrafricain.  Les deux parties ont déploré le recours à la désinformation et aux fausses nouvelles et appelé au respect du code de déontologie de la presse.  
  7. La réunion s’est déroulée sous la co-présidence de S. E. le Prof. Faustin Archange Touadéra, Président de la République, Chef de l’Etat, en présence de M. Firmin Ngrebrada, Premier Ministre, et de plusieurs membres du Gouvernement:- Ministre de l’Economie, du Plan et de la Coopération, F. Moloua- Ministre des Finances et du Budget, HM Dondra- Ministre de la Justice et des DDH, F. Mbata- Ministre de la Défense, MN. Koyara- Ministre Délégué aux Affaires étrangères, C. Sekode- Ministre du Désarmement, M. Mokom- Ministre de la Communication, M. Kazagui- Ministre des Mines, L. Mboli Fratane- Ministre de la Réconciliation nationale, V. Mbaikoua

Du côté européen, la co-présidence a été assurée par l’Ambassadrice de l'Union européenne  S.E. Samuela Isopi, qui a été assistée pendant les travaux du Chef de Division Afrique Centrale du SEAE (Service européen d'Action extérieure), M. Gerardus Gielen, des Ambassadeurs d’Allemagne, S.E. Hans-Dieter Stell ; de Belgique, S.E. Stéphane Doppagne ; de France, S.E. Éric Gérard ; et d'Italie,  S.E. Marco Romiti; de la Directrice adjointe Afrique au sein du Ministère des Affaires Etrangères du Portugal, Mme Joana Fisher; des Commandants de la mission militaire européenne EUTM, Général Eric Peltier et de la mission civile EUAM , Colonel Paulo Soares.