Remarques du HR/VP Josep Borrell lors de la conférence de presse conjointe suite à sa rencontre avec le ministre français des Affaires étrangères et de l'Europe, Jean-Yves Le Drian

10.12.2019
Paris

Seul le texte prononcé fait foi !

Merci beaucoup Monsieur le Ministre, cher ami Jean-Yves [Le Drian, ministre des Affaires étrangères Français]. Je suis vraiment ravi d’avoir échangé avec vous des réflexions sur la situation internationale et sur les problèmes qui touchent la France, ce grand pays européen, et l’Union européenne. 

Nous avons constaté que nous partageons une vision commune sur la nécessité d’aborder les défis existants et les défis à venir, ensemble, de manière efficace. Dans un monde de politique du pouvoir, nous devons penser et agir comme ce que l’Union européenne veut être : une puissance mondiale. 

Je vous rappelle que la Présidente de la Commission [Ursula von der Leyen] a défini cette Commission comme une Commission géopolitique, et ceci veut dire une certaine capacité d’agir sur les problèmes du monde en commençant par ceux qui nous sont plus proches. Et parmi ceux qui nous sont proches il y a sans [aucun] doute l’Afrique et à l’intérieur de l’Afrique le Sahel. 

Hier au Conseil des affaires étrangères nous avons lancé la stratégie pour l’Afrique qui doit aboutir à un partenariat qui verra la lumière et qui sera ratifié lors du sommet entre l’Union européenne et l’Union africaine au cours de l’année prochaine. Mais tout d’abord il y a le Sahel. Le Sahel doit devenir une plus grande priorité pour l’Union européenne. 

La France joue un rôle de premier plan et en paie le prix le plus élevé, j’en ai été témoin lorsque j’ai salué dans la cour des Invalides les soldats français morts pour préserver la sécurité de tous les Européens dans la frontière sud de l’Europe qui est le Sahel. 

Et je remercie le Président de la République [Emmanuel Macron] de son invitation à participer [à une rencontre à Pau] la semaine prochaine avec les Présidents des pays du Sahel et lancer une nouvelle réflexion qui va nous permettre de contribuer davantage à la sécurité et à la stabilité de ces pays et à la sécurité de l’Europe. 

L’Union européenne a trois missions au Sahel, une mission de Défense et deux missions de sécurité. Nous devons les élargir et je vais présenter au Conseil des ministres des affaires étrangères des propositions dans ce sens afin d’élargir l’étendue géographique, l’étendue territoriale de ces missions et approfondir leur ambition de manière à ce que ces trois missions aident la France dans la tâche qui est la sienne dans ce pays. Cela est un engagement que nous allons développer lors d’un prochain Conseil mais que je voulais partager [cela] avec le Ministre Le Drian comme je l’ai fait auparavant avec la Ministre de la Défense [Florence Parly].

Evidemment l’Ukraine a été présente dans nos conversations, je salue les efforts de la France et de l’Allemagne dans le format « Normandie », je salue le fait que nous ayons été capable d’établir un cessez-le-feu permanent et un retrait des forces, un désengagement et un échange de prisonniers. C’est le premier pas pour avancer dans une solution politique à un des grands problèmes pour l’Europe qui est la stabilité et la sécurité dans sa frontière Est. 

Voilà, Monsieur le Ministre, merci à nouveau de m’accueillir dans ce merveilleux salon de la République, bien différent des bureaux de Bruxelles qui ont une allure un peu plus fonctionnelle. 

Q&A

Q. Demain vous accueillerez des hauts fonctionnaires du Liban, vu que la situation économique se dégrade et que la situation politique ne s’améliore pas qu’est-ce que la communauté internationale, dont la France peut faire pour sécuriser la situation financière, dont les banques au Liban et quel message avait vous pour les autorités libanaises qui n’avancent pas pour résoudre leur problème ? Sur l’Iran, envisagez-vous de mettre des sanctions sur le volet droit de l’homme dans les prochaines semaines, vu ce qui s’est passé les dernières semaines ?

Sur le Liban, je ne peux rien ajouter. Sur l’Iran vous avez peut-être noté que le communiqué de l’UE diffusé [ce dimanche dernier] à propos des évènements en Iran. Le langage était très fort, très assertif, pour exposer clairement la condamnation de l’Union Européenne de la répression qui se déroule en Iran dans des proportions absolument préoccupantes et inacceptables. 

D’un autre coté je dois exprimer ma satisfaction car la réunion de Vienne à montrer qu’il y a encore une chance de sauver l’accord nucléaire. Il y a eu unanimité des pays représentés sous la coordination de l’UE. On espère pouvoir convaincre les autorités Iraniennes de ne pas mettre en danger la survie de cet accord qui, pour nous Européens, est très important. 

Mais pour l’instant, hier au conseil des affaires étrangères, il n’y a pas eu sur la table une proposition de sanction à l’Iran pour la répression qui a eu lieu ces derniers jours. Ceci ne veut pas dire que le sujet ne puisse pas être abordé dans le futur. 

 Q. Est-ce que vous considérez que la réunion qui a eu lieu hier, la réunion en format « Normandie », représente un progrès significatif et est-ce que cela pourrait éventuellement amener à une levée des sanctions européennes vis-à-vis de la Russie ? La France a le projet d’avoir une nouvelle architecture de sécurité et de stabilité pour l’Europe, qui se dirige notamment vers la Russie, avec un travail diplomatique vers la Russie. Quelle est votre opinion sur cette architecture proposée par le Président français, est-ce que c’est quelque chose que vous soutenez ?

L’Union européenne réaffirme son soutien à la France, à l’Allemagne pour leur travail dans le format « Normandie » pour aborder la question ukrainienne. C’est une initiative de ces deux grand pays européens que l’Union européenne soutient car nous sommes convaincus que la seule solution durable au conflit entre l’Ukraine et la Russie ne peut venir que du dialogue entamé dans ce format et que tout changement substantiel dans les relations avec la Russie dépend de trouver d’une solution durable au conflit en Ukraine. 

Ceci dit, je dois saluer les avancées qui ont eu lieu dans cette réunion. Ce n’est pas peu de choses d’avoir un cessez-le-feu sur toute la ligne d’engagement, ce n’est pas une petite chose de procéder à un nouveau désengagement des forces qui sont en face les unes des autres, d’avoir des échanges de prisonniers. Et cela va amener sûrement une amélioration des conditions de vie des habitants des deux côtés de la ligne de contact. 

C’est le pas préalable pour continuer le dialogue politique vers la pleine mise en œuvre des accords de Minsk. Et de ce point de vue je félicite la France et l’Allemagne pour cette réunion qui, comme le Ministre l’a dit a eu le mérite d’exister et d’être un premier pas vers la solution au conflit. 

Les rapports avec la Russie dépendent crucialement du fait de trouver une solution au conflit avec l’Ukraine, sans cela il n’y aura pas de changement dans les sanctions établies par l’Union européenne vis-à-vis de la Russie. 

Link to the video: https://audiovisual.ec.europa.eu/en/video/I-182003 

Peter Stano
Lead Spokesperson for Foreign Affairs and Security Policy
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