(Kinshasa-Hôtel du gouvernement, du 5 au 6 octobre 2020)
Monsieur le Vice-Premier Ministre et Ministre du Budget, Mesdames et Messieurs les Ministres, chers collègues, chers amis,
Nous sommes très heureux avec mes collègues d’être avec vous aujourd’hui pour l’ouverture de ce premier dialogue politique depuis 11 ans, le second que nous tenons dans le cadre de la mise en œuvre de l’accord de Cotonou.
Ce dialogue politique se tient dans le contexte exceptionnel et particulier d’une pandémie mondiale, celle du COVID 19 avec ses graves conséquences économiques et sanitaires. Nous avons tous des amis et des connaissances qui ont été à Kinshasa et ailleurs victimes du virus. Je tiens ici à vous exprimer, Monsieur le Premier ministre, Mesdames et Messieurs les Ministres, chers collègues, chers amis, mes condoléances à celles et ceux qui ont perdu des proches. Je souhaiterai également, Monsieur le Premier ministre, que vous puissiez les transmettre à Monsieur le Président de la République. Permettez d’avoir une pensée particulière pour Mgr Gérard Mulumba, Pierre Lumbi, Noël Camilieri et vous demander d’honorer toutes les victimes de la pandémie par une minute de silence.
Nous saluons le fait que le dialogue se tienne malgré ces circonstances : ce sont bien les efforts de réponse des autorités congolaises, les mesures courageuses de confinement et de distanciation physiques que vous avez prises au second trimestre 2020 qui ont probablement contribué à circonscrire en RDC l’épidémie de COVID 19. Nous ne pouvons que saluer le travail de la riposte sous l’égide de son coordinateur, le Professeur Muyembe, personnalité internationalement reconnue et encore récemment citée par le Time Magazine comme l’une des 100 personnalités les plus influentes du monde.
Nous avons bien conscience que la République démocratique du Congo doit continuer faire face à de nombreux défis sanitaires, notamment EBOLA, qui nécessitent la poursuite de notre appui international. Le droit à la santé, l’accès universel à des soins de qualité, on peut dire la même chose de l’éducation, font partie des droits de toute femme et de tout homme.
Premier dialogue politique depuis 2009 ne signifie pas absence de dialogue politique pendant tout ce temps. Mais se parler ne veut pas toujours dire s’écouter… Ce dialogue doit donc être un temps privilégié et nécessaire d’écoute mutuelle pour mieux nous comprendre et agir ensemble. « Arrière les fusils, les mitrailleuses, les canons », aimait à dire Aristide Briand pour affirmer son pacifisme. « Arrière les tartuffes, les moralistes, les donneurs de leçons », aimerai-je à souligner aujourd’hui : ils n’ont rien à voir avec notre discussion et ils ne sont d’ailleurs pas dans cette salle.
Notre dialogue politique qui va se tenir aujourd’hui est concomitant avec un moment charnière dans la relation entre la République démocratique du Congo et l’Union européenne : la RDC a fêté ses 60 années d’indépendance ; l’Union européenne a quant à elle fêté 60 ans de présence en RDC. Notre partenariat s’est construit dans le temps et la durée, il a connu de très belles réussites mais aussi des obstacles et des échecs. Ce qui est important de souligner à mes yeux, c’est que nous n’avons jamais, même dans les moments difficiles, cédé à la tentation du renoncement. Aujourd’hui, est l’occasion, après la première alternance pacifique du pouvoir en République démocratique du Congo, la fin de l’accord de Cotonou et du XIe Fonds Européen de Développement, de se pencher sur ce que nous avons réalisé ensemble et de voir comment redynamiser et repenser ensemble le partenariat pour le rendre encore plus bénéfique pour nos populations. Les modalités d’action et d’intervention post-Cotonou seront certainement différentes de celles qui ont prévalu durant cet accord. Les acquis demeureront néanmoins des références pour le futur partenariat.
L’Union européenne d’aujourd’hui est très différente de celle qu’elle était en l’an 2000. Même de celle qu’elle était en 2009, date du 1er dialogue, avant la mise en œuvre du traité de Lisbonne. C’est une Europe plus politique, plus unie dans sa politique étrangère. Nous constituons avec mes collègues ce que nous appelons désormais l’équipe européenne, la Team Europe. C’est aussi une Europe plus exigeante, notamment pour elle-même. La crise financière de 2008, les attaques terroristes, le risque pandémique ont mis à grand jour nos fragilités et la nécessité de renforcer encore davantage la coopération internationale pour faire face à ces menaces. Plus que jamais, nous avons besoin les uns des autres et d’un multilatéralisme puissant et efficace.
La République démocratique du Congo d’aujourd’hui aussi est différente de celle qu’elle était en 2000, et dans une position plus affirmée pour discuter du futur de nos relations. Elle est sortie du conflit, s’est stabilisée, consolidée, a connu un transfert de pouvoir à travers un processus électoral. Les défis restent nombreux ; ce sont ceux que mentionnent notamment le programme de gouvernement. La RDC est également plus ambitieuse et nous nous réjouissons qu’elle puisse notamment prendre en 2021 la présidence de l’Union africaine et jouer un rôle leader sur le continent au moment où nous organiserons en 2021 le sommet Afrique-Europe.
Nos deux ambitions se rejoignent sur de nombreux sujets :
Ce dialogue nous permettra donc, je l’espère, de nourrir une approche partagée sur l’atteinte de ces objectifs, en exprimant nos attentes, en exposant nos points de vue, parfois en les confrontant. Nous tenons à ce que ce dialogue soit un moment d’échanges ouverts, sans tabou ni réserve. Mais toujours avec la préoccupation d’être constructif afin de dégager un chemin vers ces objectifs partagés et de le parcourir ensemble, progressivement, et sur bases d’engagements réciproques et mutuels.