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Remarques de la haute représentante/vice-présidente Federica Mogherini lors de la conférence de presse conjointe avec Tiébilé Dramé, Ministre des affaires étrangères du Mali

10.07.2019
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Remarques de la haute représentante/vice-présidente Federica Mogherini lors de la conférence de presse conjointe avec Tiébilé Dramé, Ministre des affaires étrangères du Mali

Text

Merci beaucoup Monsieur le Ministre [des affaires étrangères du Mali, Tiébilé Dramé], mon cher ami. C’est un honneur, un plaisir pour moi d’être à Bamako pour ma deuxième visite, mais aussi aujourd’hui d’y être dans un contexte un peu particulier. Premièrement parce que nous avons passé hier la journée ensemble à Ouagadougou dans le contexte de la réunion ministérielle Union européenne – G5 Sahel, la cinquième et ma cinquième, qui a été une réunion très positive, très productive et très opérationnelle.

 

Mais c'est aussi une visite spéciale parce que j'ai eu la possibilité de faire une visite – comme vous l'avez dit – au centre du pays. Et pour moi cela a été très important, premièrement pour voir et écouter avec mes propres yeux et oreilles la situation dans le centre qui nous préoccupe tous, mais j'ai aussi eu la possibilité de rencontrer des communautés du lieu, des membres de la société civile, de mieux comprendre les dynamiques locales, de mieux comprendre le défi et ses multiples formes. Et aussi de voir comment, avec la population locale mais surtout avec le gouvernement, avec le Président [de la République du Mali, Ibrahim Boubacar Keïta] cette après-midi, comment nous pouvons rendre le soutien de l'Union européenne au Mali plus efficace dans cette lutte contre le terrorisme.

 

Nous savons très bien que c'est une lutte qui n'est pas seulement une lutte militaire et sécuritaire. C'est premièrement un engagement pour faire en sorte que les populations de tout le pays aient accès aux services de base: l'éducation, la santé, la sécurité premièrement. Parfois nous disons que les deux côtés se sont engagés. Je pense qu’ici nous sommes du même côté, nous avons les mêmes objectifs, c'est l'objectif de la sécurité dans le pays, c'est l'objectif de développement du pays. Si vous me le permettez Monsieur le Ministre [Tiébilé Dramé] j'utiliserai un mot que vous avez utilisé, c’est un objectif de justice pour les citoyens de ce pays et de la région. Et nous allons discuter de comment soutenir au mieux, de la façon la plus efficace possible, l'action d'un nouveau gouvernement.

 

Nous soutenons beaucoup l'approche inclusive, l'approche du dialogue et surtout l'approche intégrée qui vise à avoir un travail sérieux sur la sécurité mais aussi un travail sérieux sur la justice, sur la lutte contre l'impunité, sur la possibilité de créer un accès à l'éducation au travail pour tous dans ce pays.

 

L'appui de l'Union européenne va continuer sur la base d'un engagement très fort que j'ai vu aujourd'hui, du gouvernement et du Président du pays [Ibrahim Boubacar Keïta] mais aussi des populations locales, d’avoir une approche ciblée, concentrée sur des résultats concrets et dans le court terme. Même si nous savons très bien que le défi est compliqué, très difficile, j'ai vu une volonté politique, j'ai vu la détermination et j’ai vu aussi la nécessité de continuer à travailler ensemble dans cette direction.

 

Donc nous allons voir dans les prochaines semaines et mois – j'espère dans les prochaines semaines, il faut aller vite, nous partageons aussi un sens d'urgence – comment mieux travailler ensemble. Pas nécessairement mieux ensemble mais comment nous pouvons soutenir le travail des maliens, parce que la population pour nous est fondamentale. Comment nous pouvons mieux soutenir le travail à partir des zones prioritaires, des parties plus fragiles du pays, le centre premièrement, dans des secteurs clés comme, je vais être très claire, l'éducation, la justice, la sécurité, les forces de police, et accompagner le pays dans ce défi.

 

L'Union européenne a toujours été aux côtés du Mali, pas seulement par solidarité, pour ce sentiment d'être frères et sœurs qui est un honneur que j'ai personnellement mais que je sais que je partage avec mes concitoyens européens. Mais aussi pour une question d'intérêt européen. Nous savons très bien que le Mali est fondamental pour la sécurité et pour la prospérité de toute cette région et aussi de la Méditerranée et de l'Europe.

 

C'est un travail que nous voulons faire ensemble et je peux dire je pense, à la fin de cette journée chargée et aussi à la fin de la journée chargée d’hier, que nous sommes déterminés à le faire ensemble d’une façon nouvelle, plus déterminée, plus concentrée sur les résultats et dans un esprit de respect, de partenariat, de frères et sœurs chacun avec ses responsabilités, chacun avec ses approches, mais en partageant le même objectif et le même parcours, le même chemin.

 

Je voudrais vous remercier pour l'accueil mais aussi et surtout pour la franchise, la façon directe et opérationnelle que nous avons eu de discuter les choses, de travailler. Et j'espère surtout que les citoyens du Mali vont voir bientôt des résultats positifs, réalistes bien sûr, car c'est difficile mais positif, dans l'immédiat à partir des zones du centre du pays et puis partout dans ce beau pays magnifique.

 

Merci.

 

 

Q&A

 

Q. Sur l’aide de l’Union européenne au Mali et dans la région du Sahel.

 

L'Union européenne est sûrement le premier contributeur, soit d'un point de vue financier soit d’un point de vue de la sécurité et du développement, probablement comparé a tous les autres mis ensemble. Et si on considère les Etats membres de l'Union européenne en conjonction avec l'Union européenne nous avons vraiment des chiffres énormes.

 

Nous allons continuer à le faire, nous avons discuté au cours de ces deux jours trois, quatre mesures spécifiques. La première à laquelle le Ministre [Tiébilé Dramé] a fait référence : l'Union européenne va mobiliser des ressources additionnelles. Pour la Force conjointe nous avons toujours cru dans la nécessité et dans la capacité du Sahel lui-même à faire face aux défis sécuritaires dans la région, en commençant par le Mali. Mais c'est un défi régional, c'est une partie du monde où il y a des populations et des autorités, des institutions qui ont une culture, une histoire, je dirais un orgueil qui est probablement le meilleur atout contre ce type de défis.

 

Et notre approche dès le début a été premièrement d'encourager la coopération régionale autour du G5 Sahel et de la Force conjointe, et deuxièmement de souligner le côté des populations. Ce ne sont pas des étrangers qui font le combat contre le terrorisme au Sahel, ce sont les sahéliens. Les étrangers, les Européens premièrement, le soutiennent et c'est ça notre rôle. Et nous pensons qu'il y a une valeur ajoutée dans cette approche. C'est aux maliens de combattre contre cette crise mais c'est la responsabilité de la communauté internationale et de l'Europe premièrement de les soutenir avec tous les moyens.

 

Nous avons essayé de convaincre nos partenaires internationaux, certains d'entre eux ont rejoint l'Union européenne dans cette approche, les autres peuvent peut-être se convaincre dans le futur. Mais je pense que c'est très important de souligner cet aspect, l’appropriation par le Mali et le Sahel dans une lutte qui est premièrement une lutte des maliens et des sahéliens. Ça ne veut pas dire que c'est seulement les maliens et les sahéliens, nous avons la responsabilité d’accompagner et de soutenir, mais nous reconnaissons l’appropriation, la responsabilité et aussi la connaissance de ce qui se passe ici et le respect que nous avons pour les gens de cette région.

 

La première chose que nous avons discuté c'est ce déboursement auquel nous allons travailler, déboursement additionnel pour la force conjointe de 138 millions d'euros additionnels, y compris une composante pour la force police du G5 Sahel de la Force conjointe.

 

La deuxième chose que nous avons discuté, les trois autres choses que nous avons discutés ici à Bamako sont liées surtout au soutien que nous pouvons donner au Mali. Premièrement pour le retour des services de l'Etat dans la zone du centre, dans les zones fragiles en général, en commençant par l'éducation mais pas seulement, donc appuyer aussi financièrement le travail difficile pour redéployer les services et la présence de l'Etat dans les zones fragiles.

 

Deuxièmement un soutien spécifique au secteur de la Justice pour qu'il n'y ait pas d'impunité et parce que nous pensons que le processus de réacquisition, de maintien de la confiance de la part des populations vers les institutions, fait partie intégrale du combat que nous menons.

 

Et troisièmement un soutien spécifique au processus de dialogue interne qui a été lancé par les autorités du Mali. Nous avons discuté avec le Premier ministre [du Mali, Boubou Cissé], avec le gouvernement en particulier la possibilité à laquelle je vais travailler dès mon retour à Bruxelles, de dédier une partie importante, autour de 10 millions d'euros, des décaissements qui n’ont pas été faits l'année passée, l'année 2018, pour des raisons de manque de réformes ou de conditions qui n'étaient pas là.

 

Il y a une aide budgétaire qui était là l'année passée qui n’a pas été déboursée pour des raisons relevant du Mali, sur lesquelles nous pouvons travailler pour les mobiliser cette année au soutien du travail pour retourner dans les zones fragiles, et travailler avec les forces de sécurité, avec la justice, avec la police mais aussi avec les services sociaux et surtout les écoles. Je pense qu'investir dans la réouverture des écoles est la première chose à faire pour combattre vraiment dans la tête des gens, dans l'âme même, cette forme d'attaque contre ce pays merveilleux.

 

Q. Sur sa rencontre avec des communautés locales.

 

Premièrement très engagé, qui tiennent énormément à leur pays, qui ont l'énergie et l'envie d’améliorer les choses, qui ont une lucidité impressionnante sur les causes, les dynamiques. C'est la même lucidité, la même sagesse et la même énergie que j'ai trouvé ici à Bamako. Et je suis contente que le Premier ministre ait fait une visite dans ces mêmes régions il y a quelques jours. Je pense que c'est la bonne route à prendre, de s'engager dans un dialogue franc, constructif, qui puisse unir le pays.

 

Ce que j'ai vu dans le centre se sont des gens passionnés, avec beaucoup de problèmes mais aussi avec la détermination d’essayer de les résoudre et de prendre de la responsabilité pour le faire. Et qui ont envie je pense – mais j’y ai passé seulement quelques heures mais mon impression a été la suivante – qui ont envie de travailler ensemble et aussi ensemble avec les autorités, sur la base d'une confiance à renouer mais avec une ouverture et une disponibilité à le faire.

 

Je pense qu'investir dans ce processus de dialogue est peut-être la clé, parce qu’on ne peut pas faire face à ces défis seulement avec une approche sécuritaire. La sécurité est nécessaire, la protection des populations locales est probablement la première responsabilité des autorités mais ce n'est pas seulement l'armée, les forces de défense et de sécurité qui vont garantir la stabilité et la sécurité dans ces zones.

 

Je pense que la clé, Monsieur le Ministre [Tiébilé Dramé] a été le premier à le dire en mai quand il m'a rendu visite à Bruxelles, je pense que j'étais dans cette position depuis trois jours. Il a été le premier à me le dire, il faut travailler surtout sur le retour ou le commencement d’une vie normale dans ces villages et dans ces villes. Donc je pense que j'ai vu cela, j'ai vu beaucoup de difficultés mais aussi beaucoup de détermination à les surmonter.

 

Lien vers la vidéo: https://audiovisual.ec.europa.eu/en/video/I-175760

 

 

En marge de la rencontre de la haute représentante/vice-présidente Federica Mogherini avec des représentants des communautés locales

 

Nous avons discuté du retour de l’Etat et des services fondamentaux : l’école, la santé, la justice; éviter qu’il y ait des éléments d’impunité et comment nous pouvons travailler ensemble sur le développement de cette partie du pays. Cela a été un échange très utile pour moi, très franc et je vais cette après-midi rencontrer aussi le Premier Ministre [du Mali, Boubou Cissé] et le Président [de la République du Mali, Ibrahim Boubacar Keïta] à Bamako et cet échange de ce matin va surement faire partie des constatations, des discussions que nous allons avoir avec les autorités du Mali, et cela va aussi informer le travail que nous faisons pour soutenir toute la région.

 

Ici nous savons très bien qu’il y a un défi sécuritaire mais nous savons aussi qu’il y a un défi d’accès aux opportunités de justice, de possibilités pour les enfants d’aller à l’école, pour les adultes d’avoir un travail. Donc nous allons faire le maximum du côté de l’Union européenne pour aider cette partie du Mali.

 

L’Union européenne est déjà en train de soutenir beaucoup de projets sur le plan de la sécurité, sur le plan de la justice, sur le plan de l’accès aux services, et après cette visite, y compris mes échanges avec le gouvernement à Bamako, nous allons étudier les façons de faire encore davantage, surtout sur le secteur de l’accès à l’école, de la justice et de la police.

 

 

Lien de la vidéo de la Conférence de presse : https://audiovisual.ec.europa.eu/en/video/I-175760

Lien de la vidéo de la rencontre avec la société civile : https://audiovisual.ec.europa.eu/en/video/I-175755

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Remarks
Location

Bamako, Mali

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