Tribune. Face à une crise exceptionnelle à bien des égards, trois questions essentielles interpellent l’Europe et ses institutions. La première est d’ordre sanitaire. Cette crise doit nous conduire à placer la santé publique au cœur de la souveraineté européenne. La seconde est de nature économique. Pour éviter un éventuel effondrement de nos économies, une réponse puissante, coordonnée et imaginative est nécessaire, comme on a fini par la mettre en place pendant la crise de l’euro.
Enfin, la troisième est géopolitique, car il est clair que sans coordination entre tous les Etats nous ne réussirons pas à résoudre et dépasser la crise. Commençons par le premier plan, qui a trait aux aspects sanitaires de la crise. Même si sa létalité semble relativement limitée, le Covid-19 est particulièrement contagieux alors qu’il n’existe pas encore de vaccin pour le prévenir ni de médicament pour le traiter.
À ce jour, il touche 170 pays, alors que le SRAS en 2003, par exemple, n’en a touché que 26. De plus, la propagation du virus est foudroyante compte tenu de la très grande mobilité des populations à travers le monde. En moins de trois mois, le centre de gravité de l’épidémie s’est déplacé de la Chine vers l’Europe avant d’atteindre les Etats-Unis en quelques jours.
Changer notre regard sur la mondialisation
Mais le plus inquiétant est que cette propagation risque de s’étendre à de nouvelles régions, notamment l’Afrique, où les systèmes de santé ne sont malheureusement pas assez robustes pour faire face à une telle épidémie. Cette région aura besoin de notre aide, même si nos systèmes nationaux sont mis à rude épreuve. Ainsi, même en supposant que le pic de la crise soit atteint en Europe dans quelques semaines, cela ne signifiera pas que la crise globale du Covid-19 aura été surmontée.
Cette crise doit d’ores et déjà nous amener à revoir nos priorités et à changer notre regard sur la mondialisation. En tant qu’Européens, nous devons maintenant faire en sorte de renforcer la coordination européenne des politiques et des questions de santé publique, compte tenu de l’interpénétration évidente de nos sociétés. Nous devons considérer la santé comme une composante à part entière de la souveraineté européenne, non seulement en paroles mais aussi en actes.
Regardons ce qui se passe aujourd’hui avec les réactifs essentiels pour les tests. Ils sont très largement produits par les Etats-Unis et la Chine. Or, nous devrions disposer d’une liste de produits stratégiques qui doivent être disponibles en permanence dans l’Union européenne. Une première étape a été franchie avec l’annonce de la création d’une réserve stratégique pour les produits sanitaires. Mais il faudra aller au-delà, recenser tous les produits qui pourraient un jour nous faire défaut et créer une Réserve Stratégique des Produits Essentiels.
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