Journée internationale des droits des femmes : Tribune de l'Ambassadeur de l'Union européenne et de l'Ambassadeur de France auprès de la République des Seychelles

09.03.2021
Mauritius

La célébration de la journée internationale de la Femme prend, cette année, une dimension particulière dans le contexte de la pandémie du COVID 19. Aux Seychelles comme ailleurs dans le monde, les femmes ont été aux premières lignes de la lutte contre la maladie. C’est l’occasion pour nous de rendre hommage au personnel médical seychellois, notamment aux infirmières, médecins, personnel d’accompagnement qui ont assuré les vaccinations, qui ont accompagné les malades, parfois au péril de leur santé.

Cette épidémie a mis un peu plus en évidence les inégalités auxquelles sont soumises les femmes. Le rapport Global Gender Gap 2019 du World Economic Forum montre qu'au rythme actuel, il faudrait pratiquement un siècle pour réduire l'écart entre hommes et femmes dans les domaines de la politique, de l'économie, de la santé et de l'éducation. Les femmes ont des difficultés, ici comme ailleurs, à accéder aux fonctions politiques et aux postes de responsabilité. La désignation de Mme Caroline ABEL, gouverneure de la Banque centrale des Seychelles, comme leader féminine de l’année pour le continent africain (« Africa’s Woman Leaders Award ») est un message d’encouragement fort mais qui ne saurait cacher que seulement 8 femmes sur 35 députés siègent à l’Assemblée nationale.

Le combat pour l'égalité hommes/ femmes nous concerne tous! Nous devons agir pour faire tomber les stéréotypes, qui ont souvent la dent dure, afin que les femmes et les jeunes filles aient les moyens de trouver la place à laquelle elles aspirent et à laquelle elles ont droit au sein de la société. Pour réduire les écarts, il est urgent de mobiliser toutes les énergies, sur tous les fronts. Nous devons simultanément lutter contre les violences sexistes et sexuelles,  promouvoir l'accès des filles à une éducation de qualité, donner aux femmes le droit de disposer librement de leur corps, encourager l'emploi et l'entreprenariat féminin et soutenir une plus grande représentation des femmes dans tous les domaines de la vie économique, scientifique et politique.

Les Seychelles ont récemment adopté la « Domestic Violence Bill » qui permet de criminaliser les actes de violence domestique. Le travail accompli par la commission de réforme des lois sur la protection des mineurs est aussi une pierre à l’édifice juridique bâti par les Seychelles pour protéger les droits, les vies, des femmes et des filles. La loi du silence doit cesser ; l’impunité doit disparaître pour ces crimes.

Aux Seychelles, en Europe, partout dans le monde, il est de notre devoir de nous battre pour le respect de nos mères, de nos femmes, de nos sœurs ou de nos filles ; il est de notre devoir moral de protéger celles qui subissent les violences inacceptables de certains régimes à cause de leur appartenance religieuse ou ethnique.  Le viol comme arme de guerre, la mise en esclavage, la stérilisation forcée, l’enfermement dans des camps dits « d’éducation ou de formation professionnelle » sont autant de signes d’une barbarie s’appuyant sur une « lutte des genres » qui est à l’opposé de l’humanisme.

Mais, que l'on soit humaniste ou simplement rationnel, nous savons que nos pays, nos familles, ne pourront sortir de la crise sanitaire, sociale, économique qui frappe le monde que si nous «reconstruisons mieux ». Cela passe nécessairement par une plus grande participation des femmes et une croissance de l'emploi et de l'entreprenariat féminin dans le contexte économique post Covid. Nous sommes intimement  convaincus que l’égalité femmes-hommes dans le domaine professionnel comme dans le domaine privé sera un élément moteur de notre croissance durable et de la stabilité de nos sociétés.  

Nous avons le privilège d'appartenir à une union politique et économique, l’Union européenne, qui est fortement engagée en Europe et à travers le monde en faveur de la promotion et de la protection des droits des femmes et des filles. Aux Seychelles, nous avons posé des gestes concrets: avec la société civile seychelloise et le gouvernement, nous avons contribué à la mise en place d’un foyer pour les femmes victimes de violences familiales et nous poursuivrons le dialogue pour la pérennisation de cet accompagnement des femmes vulnérables. En décembre 2020, l’Union européenne a engagé un important projet avec la Seychelles Human Rights Commission pour sensibiliser les jeunes garçons et les hommes à la violence domestique et pour les aider à prendre conscience de l’impact des différentes formes de violence sexiste sur la famille et la société. La prévention est tout aussi importante que la réhabilitation. Nous étudions actuellement avec les autorités l’opportunité d’une mise à jour du Gender Analysis de 2017, pour obtenir un aperçu actualisé de la situation de l'égalité hommes-femmes qui servira de base pour notre dialogue dans ce domaine.

Ensemble, les états-membres et les institutions européennes, aux côtés des décideurs et de la société civile des Seychelles, continueront à porter l'égalité hommes-femmes dans le débat public et à s'engager auprès de tous ceux qui se mobilisent pour le respect intégral des droits humains et l’arrêt des  discriminations fondées sur le genre, tout comme celles s’appuyant sur l’appartenance ethnique, religieuse ou l’orientation sexuelle.

S.E.M. Vincent Degert, Ambassadeur de l'Union européenne auprès de la République des Seychelles

S.E.M. Dominique Mas, Ambassadeur de France auprès de la République des Seychelles