Les pots à poulpe au Sénégal

Description de l’initiative
Dans le cadre de l'accord de partenariat de pêche durable (APPD) entre l'Union européenne (UE) et la République du Sénégal, 15000 pots en argile ont été placés cette année dans les eaux sénégalaises pour former des récifs artificiels fournissant un habitat favorable à la reproduction du poulpe. Les pots en argile ont été fabriqués par des femmes vivant dans des villages près de Mbour et Nguéniene. La technique de l’immersion de pots en argile fait partie intégrante de la stratégie de soutien à la pêche artisanale dans le cadre de l’accord APPD. Irène Mingasson, ambassadrice de l'UE auprès du Sénégal, a officiellement inauguré cette année l'immersion des pots en terre cuite le 12 septembre 2019 à Guéréo, près de Dakar. Les foyers artificiels de reproduction fournis par les pots en argile ont permis une augmentation considérable du nombre de poulpes depuis le début de la pratique en 2006. Cela génère des revenus importants pour les communautés locales, en particulier pour les femmes qui fabrique les pots en argile, pour les pêcheurs artisanaux qui ont à disposition un stock abondant de poulpes à pêcher, et pour les marchands de poisson locaux. Par conséquent, les pots à poulpe non seulement préservent et restaurent l'écosystème et augmentent la biomasse de l’espèce, mais ils participent également au maintien de la pêche artisanale locale de façon viable.
Production des pots en argile par des femmes locales
La technique d’immersion des pots à poulpe a débuté en 2006 en tant qu’initiative locale lancée par les pêcheurs de Mbour. Initialement, 500 pots en argile ont été immergés. Au fil du temps, davantage de communautés côtières, dont Joal, Sindia du Nord et Sindia du Sud, ont commencé à reprendre localement cette initiative. Les communautés de femmes fabriquent les pots en argile selon des connaissances traditionnelles transmises de génération en génération. Les femmes qui ont hérité des connaissances de leurs grands-mères les ont transmises aux autres femmes des communautés. Les travaux sont effectués dans des conditions rudimentaires et parfois sans préfinancement. La matière première des pots est de l'argile concassée et du calcaire. Une personne peut produire environ 10 à 20 pots par jour. Avec la production des pots en argile, les femmes revitalisent non seulement l’activité de la pêche au poulpe, mais sont également mieux à même de subvenir aux besoins de leur famille. Cependant, la production des pots en argile n'est pas une activité permanente étalée sur l'année comme les femmes le souhaiteraient. Les femmes ne travaillent que pendant la saison sèche. Afin de diversifier leurs sources de revenus, elles produisent d'autres accessoires à vendre sur le marché local et sous-régional, tels que des encensoirs et des couscoussiers. Contexte scientifique Le poulpe (Octopus vulgaris) est une ressource halieutique de grande valeur qui se vend à des prix élevés sur le marché international, comme au Japon et en Europe. La pêche au poulpe est donc une source importante de revenus pour les pêcheurs sénégalais. L'espèce vit près du rivage sur le fond marin dans différents habitats tels que les rochers, les récifs coralliens et les herbiers. L'idée des pots de poulpe vient du Japon et l'expérience a été transmise aux Sénégalais. Cependant, l'idée d'utiliser de l'argile au lieu de pots en plastique est une modification sénégalaise et permet, d’une manière non polluante, l’augmentation de la biomasse des poulpes et la gestion des ressources halieutiques. Au fil du temps, les pots en argile se dissolvent naturellement et doivent être remplacés chaque année. Avec la création d'un habitat approprié pour le poulpe, le nombre d’individus d'autres espèces comme le calamar, la seiche et leurs symbiotes augmenteront également, ce qui aura un effet positif sur l'ensemble de l'écosystème.
Accord de partenariat de pêche durable (APPD) entre l'Union européenne (UE) et le Sénégal
L’APPD conclu entre l'Union européenne (UE) et le Sénégal en 2014 et le nouveau protocole d'application (2019-2024) permettent aux navires de pêche de l'UE d'accéder à la zone économique exclusive (ZEE) du Sénégal pour pêcher le thon et une quantité limitée d'espèces démersales comme le merlu noir. En contrepartie, l'UE paie des droits d'accès et contribue financièrement au développement durable du secteur de la pêche et au renforcement de sa capacité globale de gouvernance de la pêche (surveillance et contrôle, lutte contre la pêche illégale, capacité scientifique, etc.) au Sénégal. De plus, pour soutenir l'emploi local, le protocole prévoit que les marins sénégalais à bord des navires européens représentent plus du quart des marins. Les mesures de conservation adoptées par l’autorité compétente, la Commission internationale pour la conservation des thonidés de l'Atlantique (ICCAT), doivent être respectées. Le projet de pot en argile est l'une des activités menées dans le cadre de l’APPD pour créer des récifs artificiels.Une autre action consiste à immerger des bateaux de pêche anciens et propres au large de la péninsule de Dakar.
Perspective
Pour l'avenir, la Présidente de l’association des femmes qui produisent les pots à poulpes souhaite acquérir un équipement de qualité pour concasser le calcaire et l'argile, qui se fait actuellement de manière artisanale et traditionnelle. De plus, une salle de stockage pour pouvoir conserver les pots et les matières premières ainsi qu'un four pour cuire les pots seraient bénéfiques pour les travailleuses afin d’optimiser les temps de travail pendant la saison sèche et de rendre les produits finis disponibles sur demande et à temps.
Durabilité et pertinence de l’initiative
L'UE dispose d'un réseau d'accords de partenariat dans le domaine de la pêche durable dans l'Atlantique, l'océan Indien et l'océan Pacifique. Ces accords reposent sur le principe de la pêche des stocks excédentaires et se concentre sur la conservation des ressources et la durabilité environnementale. Ils contiennent des clauses concernant le respect des droits de l'homme. La gouvernance internationale de la pêche est une priorité pour l'UE. Les accords de partenariat de pêche durable sont un outil transparent, cohérent et mutuellement bénéfique qui améliore la gouvernance des pêches pour une exploitation durable, l'approvisionnement en poisson et le développement du secteur de la pêche dans les pays partenaires de l’UE. En outre, les accords de pêche durable aident l'UE à établir des partenariats avec des pays tiers qui vont au-delà du domaine de la pêche, ouvrant de nouvelles perspectives pour la création d'emplois, soutenant des liens et des activités économiques plus larges et contribuant à lutter contre les causes de l'immigration illégale. Ils sont alignés sur la politique commune de la pêche de l'UE, qui définit les principes et objectifs des accords de partenariat de pêche durable. Ces dispositions visent à garantir que les activités de pêche des navires de l'UE en dehors des eaux de l'UE reposent sur les mêmes principes et normes que ceux applicables en vertu du droit de l'UE. En outre, ces accords de pêche durable contribuent à assurer des mesures efficaces de collecte, de suivi et de surveillance des données. Le développement du secteur de la pêche et de l'aquaculture est l'une des priorités du gouvernement sénégalais en ce qui concerne les stocks d’espèces démersales comme le poulpe. L’objectif est de gérer durablement les ressources halieutiques de manière participative et inclusive.
INFORMATIONS GENERALES
Pays partenaire :
Sénégal
Mesure de l’APPD :
Soutien sectoriel
Keywords :
- Poulpe
- Pots en argile
- Pêche artisanale
- Soutien au travail des femmes
Accord-cadre 2014-2019 :
Entrée en vigueur le 20 novembre 2014 et tacitement reconduit pour une période additionnelle de 5 ans.
Protocole 2019-2024 :
Renouvelé et mis en place depuis le 19 novembre 2019
PRESENTATION DU BENEFICIAIRE
Nom du bénéficiaire :
Communautés locales de pêcheurs (CLP)
Objectifs :
Gestion viable des poulpes et soutien aux communautés locales
Localisation de l’organisation :
La Petite Côte, Sénégal
BUDGET
Contribution financière totale :
1 668 000 €/an sur 5 ans
Soutien sectoriel au secteur de la pêche :
750 000 €/an