Journée internationale des droits des femmes : les femmes au cœur d’une transition verte et durable

08.03.2022

 

La crise sanitaire a accentué les inégalités de genre mais s’est avérée aussi un accélérateur pour la prise en compte de cette dimension dans toutes les politiques publiques. Une prise de conscience qui a mis en lumière les opportunités de croissance en termes d’emplois verts, où les femmes jouent un rôle prépondérant.

Les inégalités de genre restent un frein pour la croissance économique du pays, plus qu’un défi, un enjeu majeur pour le Maroc. L’Union européenne appuie l’intégration de l’égalité du genre en accompagnant les efforts des différents acteurs institutionnels, de la société civile et du secteur privé œuvrant contre le changement climatique.

En effet, selon l'OCDE, les femmes sont affectées de manière différenciée par les modes de production et de consommation durables et non durables. Dans une période marquée par la pandémie mondiale liée au Covid-19 qui a creusé davantage les inégalités entre les hommes et les femmes, l'intégration de l'égalité des sexes reste essentielle à la réussite de la mise en œuvre d'une stratégie d'économie circulaire. Il faut dire que les femmes sont tributaires, pour leur subsistance, de ressources naturelles épuisées. Elles sont également affectées par de mauvaises conditions de travail dans une main-d'œuvre « féminisée » et fournissent du travail informel lié à la gestion de déchets toxiques pouvant porter atteinte à leur santé. Si l’on prend l’exemple du secteur agricole, qui génère en moyenne 15% du PIB du Royaume, il représente 71% des emplois ruraux. Selon certaines études, si les agricultrices avaient le même accès aux ressources que les hommes, les rendements agricoles pourraient augmenter de 20 à 30 %.

Par ailleurs, si les femmes représentent plus de 50% de la population rurale, elles constituent 40% de la main d’œuvre permanente et occasionnelle du secteur agricole. En 2017, il est confirmé que la femme contribue dans 93% des activités agricoles et para-agricoles le long des chaines de valeurs, de production et de valorisation depuis le producteur au consommateur. 

Pour rappel, les femmes restent confrontées à plusieurs obstacles, en plus des difficultés d’accès aux ressources et aux infrastructures de base comme l’éducation, l’eau potable, l’assainissement et la mobilité. Elles peinent aussi à accéder au foncier et aux secteurs des énergies renouvelables. Une participation égale leur permettrait d'accéder aux 18 millions de nouveaux emplois que les énergies renouvelables créeront d'ici 2050 dans le monde.

Par ailleurs, l'inclusion des femmes et la formalisation du secteur informel dans la collecte des déchets ménagers constituée de déchets organiques est essentielle, le Maroc a un potentiel de valorisation de 20% de ces déchets alors que le taux de valorisation et de recyclage actuel est seulement de 7%, selon le Département de l’Environnement du Ministère de l’Agriculture et de la Pêche Maritime.

Woman picking from an olive tree

L’Union européenne au Maroc en soutien aux acteurs du changement 

La promotion de l’égalité hommes femmes est soutenue par l'UE au Maroc pour accompagner les acteurs institutionnels d’une part et par le soutien d'autre part des acteurs non étatiques de la société civile et du secteur privé pour des initiatives de terrain et ciblées.

Parmi les nombreuses initiatives, certains projets que soutient l’Union européenne ont enclenché des dynamiques transformatives avec des résultats très prometteurs :

Dans le cadre de l’intégration du genre dans la gouvernance locale, le projet « SAFAE et la démocratie » mis en oeuvre par l’ONG italienne CEFA dans les zones de Figuig, Settat, Al Hoceima et Tata, a adopté une approche de proximité avec une collaboration continue avec les associations locales elles-mêmes actrices dans le processus de promotion de l’égalité homme-femme. « À travers ce projet, 130 associations locales ont été formées et 62 femmes ont bénéficié de ces programmes.  Par ailleurs, en vue de favoriser un terrain fertile pour un débat démocratique capable de produire des plans de développement régionaux sensibles au genre, 15 espaces de dialogue multi-acteurs ont été créés. Ainsi, nous avons pu concrétiser 12 projets mis en œuvre par des associations et des coopératives, en facilitant un processus d’autonomisation des femmes par le bas. » explique Erika Ramanzini, directrice du projet. 

L’autonomisation des filles et des femmes est un levier essentiel pour assurer l’effectivité de leurs droits. Capitalisant sur le projet SAFAE, le programme DARNA sur trois ans, prévoit d’accompagner les femmes et filles de Al Hoceima, Figuig, Larache, Ouarzazate et Oujda dans le développement d’initiatives entrepreneuriales et dans l’insertion vers le travail, à travers des ateliers de leadership, des formations sur les filières d’emploi ainsi que sur les nouvelles technologies, dans un contexte de relance inclusive et durable post COVID.

La promotion de l’emploi décent est aussi un enjeu. Dans le cadre d’un projet dans la filière des fruits rouges, Oxfam avait déjà identifié plusieurs dysfonctionnements, concernant les conditions de travail et le non-respect des droits des travailleuses dans le secteur agricole. Pour y remédier, la confédération composée de 20 organisations caritatives (Oxfam) a conçu un programme visant à accroître le respect des droits socio-économiques des femmes travailleuses dans le secteur. Comptant sur l’appui de l’Agence Espagnole de Coopération Internationale au Développement (AECID) et de l’Union européenne, des synergies ont été développées entre la société civile marocaine, les institutions étatiques, des experts, les producteurs ainsi qu’avec les femmes travailleuses elles-mêmes. Au niveau international, Oxfam travaille avec les importateurs et distributeurs européens de fruits rouges marocains. « Parmi les résultats les plus importants, nous avons noté que plus de 1.400 femmes ont obtenu leur carte d’identité nationale dans le cadre du programme et plus de 70% des stations de conditionnement et des usines de transformation ont instauré l’exigence de la carte nationale d’identité suite à l’intervention. En matière d’accès à la protection sociale, en 2014, près de 65% des personnes travaillant dans le secteur des fruits rouges dans les deux zones choisies sont immatriculées à la caisse nationale de sécurité sociale. Le programme a ainsi soutenu plus de 3.025 personnes, dont près de 2.700 femmes, afin de les aider à obtenir leur carte nationale de sécurité sociale ou à en vérifier leur affiliation. Enfin, s’agissant du salaire minimum, 70% des usines de conditionnement respectent dorénavant le salaire minimum au Maroc » détaille Hiba El Khammal, responsable du programme.

La gestion de l’eau, enjeu majeur de développement durable contient aussi une dimension genre. Ainsi, l’Union européenne a soutenu également la promotion de la gestion intégrée des ressources en eau en milieu oasien à Ferkla et Aguinane. L’objectif est la sauvegarde des Oasis du sud Maroc et le renforcement de leur résilience face au changement climatique, en conciliant sécurité hydrique et sécurité alimentaire pour un développement humain durable. « Au cours de plusieurs rencontres avec les oasiens d’Aguinane et de Ferkla et dans le cadre du projet promotion de la gestion intégrée des ressources en eau en milieu oasien mené par l’AESVT Maroc et par l’Union européenne, nous avons remarqué une forte mobilisation des femmes. Elles nous ont prouvé qu’elles pouvaient être le véritable vecteur de changement, malheureusement, elles restent peu représentées dans les instances de prise de décision » analyse Imane Azmil, responsable du projet.

Autre projet qui vise l’autonomisation des femmes et l’amélioration de leurs conditions de travail, Youda (Baraka). Ce programme a été mené par les jeunes femmes pour la démocratie dans la région Souss Massa dans les provinces Inzegane et Ait Melloul. Il vise à faire face à l'injustice et la discrimination à l'égard des femmes travaillant dans le cadre agricole dit saisonnier sans respect des conditions de travail et dans une exposition constante au harcèlement sexuel et moral. « Youda est un plaidoyer pour mettre en lumière les femmes ouvrières agricoles saisonnières non formelles. La parole a été donnée à ces femmes pendant la période du confinement afin d’identifier leurs besoins. Suite à ces témoignages un mémorandum a été envoyé à toutes les institutions concernées. » conclu Bouchra Echatouani, directrice du projet.

Ces différentes initiatives, sur le terrain, portées par des acteurs et actrices de changement rappellent le levier de l’effectivité égalité de genre pour assurer un avenir durable et s’encadrent dans les engagements de l’Union européenne au travers du plan d’action pour l’égalité des sexes (GAP III). Ainsi, 85 % de toutes les nouvelles actions entreprises dans le cadre des relations extérieures contribueront à l'égalité des sexes et à l'émancipation des femmes d'ici 2025.

Ces engagements sont retranscrits au niveau national par une action coordonnée entre l’Union européenne et ses Etats Membres (TEAM EUROPE INITIAVE) pour des actions ciblées mais aussi d’intégration du genre dans tous les secteurs, y compris les infrastructures, le numérique, l'énergie ou encore l'agriculture.