Mes collègues du Corps diplomatique ;

L’Honorable M. Mahfooz Moussa Cadersaib, Lord-Maire de Port Louis, Madame Rita Vencatasamy, Ombudsperson for Children;

Madame Shirin Aumeeruddy-Cziffra, Ancienne Attorney General et Première femme Ministre des Droits des femmes et Ambassadrice de Bonne volonté de la campagne Rise and Shine sur le genre de l’Union européenne;

Chers Ambassadeurs de Bonne Volonté;

Chers jeunes, membres de la toute première plateforme de la jeunesse UE-Maurice ;

Chers membres de la presse;

Mesdames et messieurs ;

Bonjour et bienvenue à tous à cet évènement qui est organisé à la veille de la Journée internationale des droits des femmes qui sera célébrée demain – 8 mars – comme chaque année partout à travers le monde

• En fait probablement pas partout ou pas facilement…je pense évidemment aux territoires en guerre de l’Ukraine qui fait face à une agression comme on dit en langage diplomatique « non provoquée et non justifiée » de son puissant voisin russe et de son vassal biélorusse. J’ai donc une pensée toute particulière pour les femmes et les enfants jetés sur les routes de l’exil ou terrés dans les abris sous le poids des bombardements indiscriminés, à ces couples et à ces familles séparés par une guerre absolument inutile et fortement dénoncée par la communauté internationale dans son ensemble. A ce titre je voudrais ici remercier à travers vous Madame la ministre, les autorités mauriciennes pour ce vote et pour cette condamnation unanime aux NU, unanime bien sûr hormis le club des cinq que sont les deux agresseurs, la Russie et la Biélorussie, rejoints pour la circonstance par la Syrie, la Corée du Nord et l’Erythrée. Je n’ai pas besoin d’en dire plus ici quant au respect qu’ont ces 5 pays du droit international et de la dignité humaine.
• Ces évènements constituent un cinglant rappel pour nous tous qu’il est important toujours et partout de défendre nos valeurs de démocratie, de liberté, de respect de l’intégrité territoriale et des principes et valeurs de la charte des NU et de tous ses traités dérivés.
• Alors parlons et reparlons inlassablement du droit des femmes. Lorsque j’ai pris mes fonctions d’Ambassadeur de l’Union européenne à Maurice en septembre 2019, l’une de mes premières actions deux mois plus tard a été de participer à une marche pacifique dans les rues de Port Louis pour dire non à la violence domestique – une action phare de notre campagne Rise and Shine sur le genre ;

• Après plus de deux ans d’activités, nous sommes heureux de vous annoncer que nous allons poursuivre cette campagne pour continuer à sensibiliser les citoyens à l’importance du droit des femmes qu’il s’agisse de la lutte contre le fléau qu’est la violence domestique ou plus généralement de la nécessité de donner les moyens aux femmes de participer pleinement et à parité dans toutes les sphères de la vie économique et sociale du pays;

• Ces convictions et ce combat nous le menons aussi en étroite collaboration et avec l’appui de nos 11 Ambassadeurs de bonne volonté qui sont des experts engagés dans leurs domaines respectifs qu’il s’agisse des droits humains en général, du droit des femmes, de l’autonomisation et du travail des femmes, du droit des enfants, du droit des personnes en situation handicap ou encore du droit des personnes LGBTQI;

• Et nous sommes fiers de compter parmi nos Ambassadeurs de bonne volonté Madame Shirin Aumeeruddy-Cziffra, figure emblématique de la question des droits de femme à Maurice.  Madame Cziffra, juriste de formation et activiste de tous les jours, a été chacun s’en souvient la toute première femme ministre des droits de la femme à Maurice ;

• Ayant fait du droit des femmes son cheval de bataille pendant de longues années, elle est très bien placée pour nous parler de l’évolution historique du  droit de la femme à Maurice, des avancées obtenues de haute lutte, et des défis qui demeurent ainsi que des perspectives de progrès;

• Son livre, dont j’ai eu l’insigne honneur de rédiger modestement la quatrième de couverture, est le fruit de son travail d’analyse rigoureux et précis, de sa vaste expertise et de son vécu du droit et bien sûr de son engagement sans faille pour le droits des femmes et des filles et pour sa bonne application. Il n’y a pas de bon droit et de bon état de droit sans une bonne application.

• Cet ouvrage que Shirin va nous présenter dans quelques instants nous donne l’occasion de porter encore et toujours le sujet du droit des femmes dans le débat public.

Pourquoi est-ce encore important de le faire aujourd’hui à la veille du 8 mars (comme d’ailleurs tous les autres 364 jours de l’année)?

• Comme le livre nous le rappelle, beaucoup de progrès ont été réalisés au cours des siècles et des décennies passées. Ils sont souvent aussi le fruit d’engagements collectifs ou individuels. Je tiens ici à saluer l’engagement et la détermination de Madame la Ministre qui ont notamment permis en ce début d’année aux 3 lois pour les enfants de devenir une réalité.  C’est une étape fondamentale pour les droits des filles singulièrement au regard de la question de l’âge du mariage.

• Des progrès sont donc toujours possibles si nous travaillons ensemble avec détermination et sans relâche pour aller plus loin. Au cours de l’année, à travers notre campagne Rise and Shine, et grâce à l’appui de nos Ambassadeurs de bonne volonté nous avons ainsi pu mener de nombreuses actions de sensibilisation aux droits des femmes et à la lutte contre les violences conjugales sur les réseaux sociaux et dans les médias ;

• Mais nous le savons et le constatons de nombreux défis demeurent. Pas seulement à Maurice. En Europe aussi

Les femmes sont de loin les principales victimes de la violence conjugale

• 1 femme sur 3 dans l'UE a subi des violences physiques et/ou sexuelles depuis l'âge de 15 ans
• Plus de la moitié des femmes dans l’UE a été victime de harcèlement sexuel
• Dans près d'un cas sur cinq de violence à l'égard des femmes, l'agresseur est un partenaire intime de la victime

• Les femmes continuent donc comme ces chiffres le rappellent à faire face à des discriminations, elles connaissent la violence, souvent au sein même de leur foyer. Cette violence peut être verbale, de ces petites phrases qui semblent anodines mais qui blessent profondement. Il nous faut donc continuer à nous mobiliser face à des enjeux qui encore aujourd’hui concernent pratiquement la moitié de l’humanité.

• Les droits des femmes et des filles sont des droits de l’homme. La violence à l'égard des femmes et des filles est donc une violation des droits de l'homme.  Cette violence dévastatrice que l'on retrouve partout à des degrés divers dans le monde est encore trop rarement signalée en raison de la stigmatisation et de la honte qui l'entourent, et parfois aussi, en raison d’un manque de confiance dans les autorités ou dans leur capacité d’organisation et de protection. En conséquence, bon nombre d'auteurs restent trop souvent libres et impunis ;

• Avant même l'apparition de la COVID-19, la violence conjugale était une « pandémie fantôme ». Malheureusement la pandémie de la COVID-19 a aggravé la situation. Partout dans le monde, les cas de violence domestique ont augmenté, attirant l'attention de tous sur le fait que, pour beaucoup de femmes et de filles, la maison n'est pas un lieu sûr. L'ampleur du problème est alarmante et nous appelle à agir vite et de façon systématique contre une telle violence.

Mais comment agir ?

• Ce n’est qu’ensemble que nous pouvons faire avancer l’égalité entre les hommes et les femmes ;

• Nous avons établi ainsi depuis 4 ans déjà un dialogue sectoriel sur le genre avec le Ministère de l’Egalite du genre et du Bien-Etre de la famille pour échanger nos réflexions, nos expériences et nos bonnes pratiques;

• Ce dialogue nous permet de définir des actions conjointes avec le ministère pour promouvoir l’égalite du genre, le respect des droits des femmes, des filles et des enfants ;

• Nous avons récemment signé avec le Ministère un cadre de suivi conjoint (Joint Monitoring Framework) avec des indicateurs de performances spécifiques pour atteindre l’objectif de développement durable ODD5 sur l'égalité des sexes et l’autonomisation des femmes et des filles ;

• Dans ce contexte, nous utilisons, comme source d’inspiration, le plan d'action 2021-2025 de l’UE sur l'égalité entre les hommes et les femmes et l'autonomisation des femmes dans les relations extérieures (GAP III), véritable boussole de notre action avec nos pays partenaires.

• Nous poursuivrons ainsi nos efforts en faveur de l’égalité hommes-femmes dans le monde entier, y compris à Maurice ; et nous sommes heureux de développer des actions concrètes avec le gouvernement, avec la société civile et avec le secteur privé ; nous pouvons le faire grâce à l’appui de personnalités engagées comme Madame Aumeeruddy-Cziffra pour faire de sorte que les droits des femmes et des filles soient respectés, qu’elles puissent développer leur plein potentiel et qu’elles se sentent en sécurité où qu’elles se trouvent !

• Je vous remercie de votre attention.