Le secteur de la pêche dans l'Océan Indien a été un élément moteur dans le développement des iles de la région, et l'économie mauricienne en a largement bénéficié avec un hub pour la transformation du thon, des retombées financières, et des milliers d'emplois créés. Le principal débouché pour les entreprises de transformation (Princess Tuna et Mer des Mascareignes pour Maurice, Pêche et Froid pour Madagascar et Thaï Union pour les Seychelles) est le marché européen qui absorbe plus de 90% de la production. Les produits transformés à Madagascar, Maurice ou aux Seychelles, sont exonérés de droits de taxes à l'importation si toutefois la traçabilité des produits garantie qu'ils ont été pêchés par des bateaux européens. Les industries de transformation locales opèrent leurs approvisionnements en matières premières par les débarquements effectués à Victoria (Seychelles), Port Louis (Maurice) ou Antsiranana (Madagascar). Les thons tropicaux pêchés dans les eaux seychelloises représentent environ 30% du total des captures de la zone Sud-ouest de l’Océan Indien.
La stratégie industrielle des industries de transformation locales repose sur un approvisionnement régulier par espèces de thons. Les mesures de gestion prises au niveau régional par la Commission Thonière de l'Océan Indien (CTOI) ces dernières années ont abouti à des restrictions du quota de thon albacore (thunus albacares, yellowfin tuna) de 15% par rapport aux prises de 2014. Cette réduction a fragilisé la situation économique d'un secteur dont la plus-value économique repose sur les volumes de produits traités et un approvisionnement stable.
Pour ces raisons, la nécessité d'une concertation entre les acteurs du secteur de la pêche régionale a été soulevée par l'industrie mauricienne regroupée au sein de l'Association des Exportateurs de Maurice (MEXA) et activement soutenue par l’Honorable Vishnu Lutchmeenaraidoo, ministre des Affaires étrangères, de l'Intégration régionale et du Commerce international. Lors de sa visite à Maurice en mai dernier, le Directeur général des Affaires Maritimes et Pêches, J.Aguiar-Machado, s'était engagé, suite à une requête exprimée par la MEXA, à faciliter une rencontre entre les flottes européennes et les industries de transformations de l'Océan Indien (Madagascar, Maurice et Seychelles) en vue de discuter les questions d'approvisionnement en thons.
Ainsi, en réponse à la requête exprimée par les autorités de Maurice et le secteur prive mauricien, deux réunions de concertation se sont tenues à Bruxelles le 22 août et 19 octobre derniers. Une vingtaine de représentants du secteur de la pêche de l'UE et de l'industrie de transformation du thon de Maurice, des Seychelles et de Madagascar ont fait le déplacement. Les deux réunions, co- animées par la Commission européenne et le gouvernement de Maurice notamment le Ministre des Affaires Etrangères lors de la deuxième réunion, a vu également la participation du Ministère du Commerce et du conseiller principal pour la pêche auprès du Ministre des Seychelles.
Les échanges entre les participants ont permis d'aboutir aux résultats suivants:
- La transparence et la prévisibilité de l'approvisionnement en thon seront assurées par le partage d’informations sur l'absorption de quotas par la flotte européenne avec les industries de transformation de la région.
- La réunion de concertation sur la pêche entre les acteurs de la filière lors de la première rencontre a évolué en plateforme d'échanges entre les armements européens, les industries de transformation de l'Océan Indien et des gouvernements respectifs des états concernés. Les participants de la plateforme se sont engagés à examiner ensemble les aspects concernant la gestion des ressources au niveau régional.
- La possibilité d’organiser des réunions quadrilatérales entre l’UE et les gouvernements des pays concernés en marge des réunions de concertation afin de dessiner des positions communes dans les discussions au sein de la CTOI sera explorée dans les mois à venir.
- La prochaine plateforme sera tiendra à la fin janvier 2019 à Maurice, et la préparation de la réunion se fera avec tous les acteurs privés et institutionnels impliqués.