Changement climatique: l’UE prête à assumer ses responsabilités mondiales

12/8/2021 - Blog du HR/VP - Les phénomènes météorologiques extrêmes en Europe et ailleurs dans le monde et le rapport du GIEC soulignent l'importance des menaces que le changement climatique fait peser sur l’humanité. Avec sa nouvelle loi sur le climat et le paquet «Ajustement à l’objectif 55» proposé par la Commission, l’UE est prête à assumer ses responsabilités dès avant la 26e conférence des parties (COP26), qui se tiendra à Glasgow.

«La décennie qui vient sera déterminante pour la lutte contre un changement climatique de moins en moins contrôlable. L’UE fait figure de pionnier mondial dans ce combat et continuera d’apporter sa juste contribution.»

Rien que ces dernières semaines, les graves inondations en Allemagne et en Belgique, au bilan tragique, et les feux de forêt incessants en Grèce et en Turquie ou sur la côte ouest de l’Amérique du Nord sont autant de durs rappels de la gravité de la menace qui pèse sur nous. Qui plus est, le nouveau rapport du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) (lien externe) publié lundi dernier démontre qu’une forte réduction des émissions de gaz à effet de serre relève désormais de l’urgence absolue. Du fait de ses incidences géopolitiques majeures, le changement climatique est à lui seul l’enjeu de sécurité le plus lourd de menaces dans l’histoire de l’humanité: «Les indicateurs ont viré au rouge écarlate et les preuves sont irréfutables. État d’alerte maximum pour l’humanité», a décrété Antonio Guterres, le secrétaire général des Nations unies.

 

«La décennie à venir sera décisive si l’on entend maintenir le réchauffement climatique en dessous de 2 °Celsius, comme le préconisait l’accord de Paris de 2015

 

La décennie à venir sera véritablement décisive si l’on entend maintenir le réchauffement climatique en dessous de 2 °Celsius, comme le préconisait l’accord de Paris de 2015 (lien externe).» «Il n’est pas trop tard pour contenir le changement climatique et éviter qu’il ne devienne totalement incontrôlable, à condition toutefois que nous fassions dès à présent preuve de détermination et que nous agissions tous ensemble», a résumé mon collègue Frans Timmermans, vice-président de la Commission et responsable de la politique climatique de l’UE. Il est par conséquent essentiel que tous les pays renforcent leurs engagements et accroissent leurs efforts avant le sommet sur le climat de la COP26 à Glasgow en novembre prochain (lien externe).

Au cours de ces trente dernières années, l’UE a toujours été en première ligne dans la lutte contre le changement climatique. Nous nous devons de prendre un tel engagement, car nous faisons partie des régions économiquement les plus développées du monde et, partant, de celles qui émettent et ont émis par le passé le plus de gaz à effet de serre, à l’origine du changement climatique.

 

«Nous nous devons de prendre un tel engagement, car nous faisons partie des régions économiquement les plus développées du monde et, partant, de celles qui émettent et ont émis par le passé le plus de gaz à effet de serre, à l’origine du changement climatique.»

 

Face à l’accélération de la crise climatique et afin de pousser les autres régions du monde à assumer pleinement leurs responsabilités à la veille de la COP26, l’UE a adopté en juin dernier une nouvelle loi sur le climat. Elle fait de la neutralité climatique dès le milieu du siècle un engagement juridiquement contraignant et porte à au moins 55 % par rapport aux niveaux de 1990 l’objectif de réduction des émissions de gaz à effet de serre pour 2030, contre 40 % auparavant. La tâche ne sera pas facile: jusqu’en 2019, les émissions de gaz à effet de serre de l’UE avaient baissé de 24 % par rapport à 1990. Cela signifie que nous devons réduire nos émissions davantage au cours de la seule décennie 2020-2030 que durant les 30 années précédentes.

L’an dernier, nous avons assisté au retour des États-Unis dans l’accord de Paris et à l’engagement d’un certain nombre de grandes économies à suivre pour leurs émissions une trajectoire menant à la neutralité climatique. Environ 60 % des émissions mondiales sont désormais sous la coupe de l’objectif réactualisé pour le climat à l’horizon 2030. L’Union européenne et les États-Unis ne sont pas les seuls à revoir leurs ambitions à la hausse, la Chine, la Russie et d’autres pays aussi reconnaissent qu’«il faut en faire davantage». Le défi consiste à présent à faire en sorte, lors du sommet de Glasgow, que toutes les grandes économies se fixent des objectifs et prennent des engagements en matière de neutralité climatique à l’horizon 2030 qui soient à la fois suffisants, mesurables et vérifiables.

 

«Se fixer des objectifs est la partie la plus facile. La mise en œuvre est la partie décisive, et aussi la plus difficile. L’UE passe désormais de la parole aux actes grâce au paquet “Ajustement à l’objectif 55”

 

Se fixer des objectifs est toutefois la partie la plus facile. La mise en œuvre est la partie décisive, et aussi la plus difficile. L’UE passe désormais de la parole aux actes grâce au paquet “Ajustement à l’objectif 55”, un ensemble de treize propositions législatives en vue de parvenir aux réductions d’émissions visées, que la Commission européenne a présenté en juillet dernier. L’UE ne représentant que 8 % des émissions planétaires, elle entend prendre la tête des opérations en montrant l'exemple, grâce à des propositions d’action propres à inciter d’autres acteurs à faire montre d’une égale ambition et à entreprendre des transformations économiques structurelles similaires à celles consacrées par notre pacte vert.

Trois grandes idées

Trois grandes idées sous-tendent le paquet. Premièrement, il convient de veiller à ce que les réductions d’émissions nécessaires s’obtiennent de la manière la plus économiquement avantageuse possible. Des efforts seront demandés à la quasi-totalité des secteurs de l’économie, que ce soit au moyen des prix du carbone, de réglementations plus strictes ou d’objectifs plus élevés en matière d’efficacité énergétique ou de part des énergies renouvelables. Deuxièmement, l’action pour le climat est un moteur de l’innovation et de la création d’emplois, la décarbonation constituant un pan essentiel de notre politique industrielle. Troisièmement, la transition devrait être équitable, et il convient de veiller à ce que les personnes et les acteurs les plus vulnérables reçoivent l’aide nécessaire pour s’adapter aux changements radicaux qui sont à l’œuvre en matière de transports, de logement ou encore d’emploi.

 

«Le paquet “Ajustement à l’objectif 55” est capital pour l’avenir de l’Europe, mais il a aussi de vastes implications sur le plan mondial. C’est pourquoi le respect des règles internationales en matière de commerce et d’environnement a figuré au cœur de nos préoccupations tout au long de son élaboration.»

 

Le paquet «Ajustement à l’objectif 55» est capital pour l’avenir de l’Europe, mais il a aussi de vastes implications sur le plan mondial. C’est pourquoi le respect des règles internationales en matière de commerce et d’environnement a figuré au cœur de nos préoccupations tout au long de son élaboration. L’une des propositions susceptibles d’avoir le plus de répercussions sur nos partenaires est l’introduction d’un mécanisme d’ajustement carbone aux frontières (MACF). Il a pour but de prévenir les «fuites de carbone» résultant de la délocalisation de la production depuis l’UE vers des pays aux règles moins strictes en matière climatique. Cela aurait en effet pour conséquence de coûter des emplois à l’UE sans réduire les émissions mondiales. Le MACF parvient à ses fins en fixant un prix du carbone sur les importations d’un nombre limité de marchandises fortement polluantes en fonction de leur teneur en carbone, de la même manière que ces mêmes marchandises produites dans l’UE sont soumises à un prix du carbone par l’intermédiaire du système d'échange de quotas d'émission de l'UE.

Le mécanisme d’ajustement carbone aux frontières ne vise aucun pays en particulier.

Le MACF ne vise aucun pays en particulier, seulement des marchandises spécifiques. Il envoie à nos partenaires un signal les incitant à mettre en place chez eux une tarification du carbone et aux producteurs étrangers un signal les incitant à réduire la teneur en carbone des produits qu’ils exportent vers l’UE. Le meilleur résultat à escompter serait que le MACF suscite la mise en place de mécanismes de tarification du carbone efficaces à travers le monde. Certains pays tiers, tels que le Canada et le Japon, émettent d’ores et déjà des signaux encourageants et pourraient bien eux aussi, à notre instar, avoir pour ambition de mettre en place un MACF. Les États Unis semblent également de plus en plus tentés par la possibilité d’instaurer une taxe aux frontières sur le carbone. La Chine, quant à elle, vient de lancer son propre système d’échange de quotas d’émission dans le secteur de l’électricité.

Des pays candidats, des candidats potentiels, et nombre de nos partenaires relevant de la politique de voisinage de l’UE se sont engagés à mettre en œuvre une grande partie de l’acquis de l’UE sur le climat et l'énergie et à participer au système d'échange de quotas d'émission de l'UE ou à mettre en œuvre des mécanismes équivalents. S’ils parviennent à ce niveau de mise en conformité avec les règles de l’UE, ils seront dispensés de MACF.

Paquet «Ajustement à l’objectif 55», secteur maritime et compagnies aériennes.

Les propositions du paquet «Ajustement à l’objectif 55» soumettent aussi le secteur maritime international au système de tarification du carbone de l’UE, demandent aux compagnies aériennes qui opèrent en Europe des efforts plus importants et imposent peu à peu des exigences plus strictes en matière de carburant durable aux opérateurs de transport aérien et maritime internationaux. Ces propositions partent du constat selon lequel, bien que le changement climatique relève de la responsabilité internationale, nous ne pouvons nous permettre d’attendre qu’un accord soit trouvé au niveau multilatéral si nous entendons atteindre notre objectif de réduction drastique des émissions dans le secteur des transports d’ici à 2050.

 

«En tant que premier bailleur de fonds du monde en faveur de l'action climatique, l’UE continuera, bien entendu, de soutenir les pays à revenu faible ou intermédiaire qui en ont le plus besoin dans la transition vers la neutralité carbone.»

 

Nous poursuivrons notre dialogue sur le paquet «Ajustement à l’objectif 55» avec nos partenaires en prenant en considération leurs propres idées en matière d’action pour le climat. En tant que premier bailleur de fonds du monde en faveur de l'action climatique, l’UE continuera, bien entendu, de soutenir les pays à revenu faible ou intermédiaire qui en ont le plus besoin dans la transition vers la neutralité carbone au moyen d’une assistance technique, de transferts de technologie, d’un renforcement important des capacités et d’un soutien financier.

En travaillant avec nos États membres et nos institutions financières au sein de l’«équipe d’Europe», nous sommes à ce jour le principal donateur du Fonds vert pour le climat (lien externe), un fonds international en cours de constitution doté d’une enveloppe de 100 milliards de dollars américains. Cet effort est encore appelé à grandir à l’avenir avec le nouveau fonds IVCDCI - Europe dans le monde, qui consacrera 30 % de ses ressources à l’atténuation du changement climatique ou à l’adaptation à celui-ci.

 

«Avec la nouvelle loi sur le climat et le paquet “Ajustement à l’objectif 55”, nous faisons la preuve que l’on peut compter sur l’UE pour apporter sa juste contribution à l’effort nécessaire au niveau mondial.»

 

Avec les technologies des données, le changement climatique est l’enjeu le plus décisif de notre époque. Ainsi que je l’ai écrit à Frans Timmermans: la science nous dit que nous devons entreprendre la transition verte SANS PLUS ATTENDRE, l’économie nous enseigne que nous devrions le faire et la technologie nous montre que nous pouvons le faire. Une transition équitable vers un monde décarboné est essentielle également pour limiter les tensions géopolitiques entre les pays: comme l’a demandé le Conseil européen, la diplomatie climatique est au cœur de la politique étrangère de l’UE et le restera. Avec la nouvelle loi sur le climat et le paquet «Ajustement à l’objectif 55», nous faisons la preuve que l’on peut compter sur l’UE pour apporter sa juste contribution à l’effort nécessaire au niveau mondial.

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