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Discours de la haute représentante/vice-présidente Federica Mogherini lors de la visite du navire Carlo Margottini de l'Opération EU NAVFOR Atalanta

22.05.2019
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Discours de la haute représentante/vice-présidente Federica Mogherini lors de la visite du navire Carlo Margottini de l'Opération EU NAVFOR Atalanta

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Seule la version prononcée fait foi!

 

En étant à Djibouti, je voudrais remercier ici premièrement nos partenaires de la région et nos partenaires internationaux pour le travail que nous faisons ensemble pour la sécurité de la région. Notre engagement commun est fort et je le salue. L'environnement dans lequel nous travaillons est complexe, nous le savons bien.

 

Djibouti, en particulier, est confronté à de multiples enjeux sécuritaires: la guerre au Yémen au nord, la persistance de la menace Al-Shabab au sud, l'insécurité maritime au large. L'Union européenne est en première ligne pour aider sur tous ces fronts, mais ici en particulier, je tiens à souligner le travail que nous faisons sur la sécurité maritime.

 

C'est sur ce dernier point que l'Union européenne contribue le plus directement à la sécurité de la région. Nous nous y sommes engagés il y a dix ans avec le lancement de l'Opération EU NAVFOR Atalanta. C'était alors la première fois que les moyens navals des Etats membres de l'Union européenne étaient réunis pour travailler sous le drapeau européen, avec un objectif commun: lutter contre la piraterie maritime et restaurer la liberté de navigation qui est si fondamentale, pour la région, pour l'Union européenne et le reste du monde.

 

Nous pouvons être fiers aujourd'hui du travail que nous avons accompli et que nous continuons d'accomplir, et qu'il faut consolider maintenant. Nous n'aurons de cesse de rappeler que baisser la garde au nom de résultats exceptionnels acquis en matière de dissuasion de la piraterie serait un erreur. J'en veux pour preuve les récentes attaques du mois dernier.

 

Le dispositif opérationnel de l'Opération EU NAVFOR Atalanta, autant que les bonnes pratiques adoptées par l'industrie maritime, ont une nouvelle fois empêché les pirates de parvenir à leurs fins. Ces pirates ont été arrêtés et remis aux services judiciaires des Seychelles dans le cadre des accords passés.

 

La réduction de la menace est avant tout le fruit d'une collaboration étroite entre les marines présentes dans la zone, qu'elles soient déployées dans le cadre d'une coalition internationale ou de manière indépendante. Au-delà du principe de liberté de navigation que nous défendons, l'Opération EU NAVFOR Atalanta place au cœur de son action la protection de l'acheminement de l'aide humanitaire. C'est un objectif partagé par tous et qui explique que la Corée, la Chine ou la Colombie ont été associées à l'opération et y ont indirectement contribué. Je veux remercier ces partenaires pour le travail en commun que nous avons fait.

 

L'engagement de l'Union européenne en matière de sûreté maritime dans le Golfe d'Aden et l'Océan Indien va au-delà des moyens militaires que nous déployons. Nous mettons en place des instruments et des outils visant à soutenir les états côtiers et leurs populations à développer les réponses aux défis maritimes qui, nous le savons très bien, vont bien au-delà de la piraterie. Cela va de l'appui aux unités de police maritime, aux efforts de stabilisation et développement dans les zones libérées de la menace terroriste. Notre but doit être aussi d'offrir des alternatives à la criminalité.  

 

Nous restons convaincus que le dialogue, le partage de l'information et la mutualisation des moyens sont des prérequis à la lutte contre l'insécurité maritime. Nous soutenons en ce sens le code de conduite de Djibouti et notre programme européen "Routes Maritimes Critiques" visent à soutenir la coopération régionale par le renforcement des capacités.

 

Je voudrais à présent attirer votre attention sur les nouveaux enjeux qui me préoccupent et nous préoccupent tous. La région est aujourd'hui sujette à de multiples formes de compétition qui entravent son développement et son intégration à l'échelle régionale et mondiale. La rivalité entre acteurs et leur lutte pour le contrôle des points stratégiques le long de la Mer Rouge et dans le Golfe d'Aden ne servent en rien les intérêts de la région ni du continent. Dans un monde où le commerce est vital pour l'économie mondiale, aucun acteur n'est plus légitime qu'un autre pour réclamer ou prétendre contrôler la route maritime. Cet espace doit être un espace partagé et protégé ensemble.

 

L'environnement géopolitique se complexifie alors même que les rapports entre pays sont de plus en plus interdépendants. C'est pourquoi l'Union européenne continue et continuera de promouvoir des approches collaboratives entre tous les acteurs clés.

 

Nous accueillons en ce sens les différentes initiatives visant à renforcer les liens entre les états côtiers de la Mer Rouge et du Golfe d'Aden. Il est important que ce mécanisme soit largement inclusif, et je souligne largement inclusif, ne serait-ce que pour y associer l'expérience et les moyens techniques financiers et humains d'un large panel d'acteurs régionaux et internationaux. L'Union européenne est prête à soutenir ces démarches et met à disposition son savoir-faire et son expérience en matière de gouvernance régionale pour l'optimisation des ressources de contrôle en mer et de développement économique.

 

Le spectre de la sécurité et de la sûreté maritime est très large, et vous le savez mieux que moi. Terrorisme en mer, trafic et contrebande, préservation de l'environnement marin, lutte contre la pêche illégale. Répondre à ces défis est une opportunité et il faut la saisir ensemble.

 

Elle offre de belles perspectives - je pense - pour le développement d'infrastructures ou pour l'amélioration des conditions et de la qualité de vie des populations. Le potentiel de ce que nous appelons aujourd'hui "l'économie bleue" est réel et les états africains doivent pouvoir en bénéficier à condition qu'un tel développement soit effectué bien sûr de manière soutenable.

 

Les défis auxquels nous sommes confrontés ici ne sont pas différents de ceux des mers bordant l'Europe. Nous partageons ces valeurs, ces objectifs, des intérêts importants alors continuons de coopérer ensemble.

 

Enfin, je voudrais prendre le temps pour remercier notre partenaire de Djibouti. Si l'Union européenne peut contribuer à l'effort collectif de sécurité, c'est grâce au soutien que Djibouti met à notre disposition. En effet, ici, est hébergé le soutien logistique de l'Opération EU NAVFOR Atalanta.

 

Ce pays sur une ligne de front entre le Yémen et la Somalie, comme je le disais, et sur ces deux pays, nous pouvons compter sur vous et nous pouvons coopérer étroitement. Djibouti a ouvert les portes pour soutenir les efforts de la communauté internationale au Yémen, accueille le siège de l'UNVIM, le mécanisme onusien de vérification et d'inspection mis en place pour faciliter l'entrée des importations au Yémen, et l'Union européenne est devenue maintenant le premier bailleur de fonds de cet outil, dont l'expertise est maintenant mise à profit pour appuyer les efforts de paix.

 

En Somalie aussi, Djibouti contribue à l'AMISOM que l'Union européenne a financé et finance encore massivement. Djibouti le fait comme les autres pays qui contribuent à cette opération au prix de la vie d'hommes et de femmes pour lutter contre Al-Shabab et on connait également les efforts de médiation que le Djibouti a fait et continue à travailler dans cette direction pour la paix et la sécurité en Somalie. Je viens d'en parler avec le Président ici à Djibouti.

 

Au même titre que d'autres régions du monde, Djibouti voit régulièrement des hommes, des femmes et des familles entières mourir au large de ses côtes dans l'espoir d'un avenir meilleur. La tragédie qui est survenue en début d'année set une triste et malheureuse illustration de cela;

 

Ensemble je pense que nous devons réfléchir à comment mieux aider à sécuriser les côtes ici et combattre les réseaux criminels qui mettent en péril de si nombreuses vies ainsi que la sécurité maritime.

 

Je me trouve ici dans le cadre d'une tournée régionale dans la Corne de l'Afrique. J'aimerais terminer par une réflexion sur cette période qui est peut-être historique pour cette région. Beaucoup en parlent avec l'expression "season of peace" ou la "saison de la paix". Les accords de paix entre l'Ethiopie et l'Erythrée mais également la normalisation des relations entre l'Erythrée et Djibouti, on espère peuvent être une étape majeure pour le futur de la région, inclusif et coopératif.

 

Je pense qu'il faudra maintenant tous travailler, et l'Union européenne est prête à le faire, pour faire de cette saison de la paix, un climat permanent qui puisse aider à stabiliser la région, sur terre et en mer, dans l'intérêt de la paix et de la sécurité, pas seulement pour la région, pas seulement pour les populations locales mais du monde entier et de tous les Européens qui ont tellement intérêt à ce que cette région et la mer soient sécurisées ici et soient une opportunité de développement, de coopération et d'intégration - et non pas de conflits ou d'acte de piraterie que nous sommes justement en train de faire en sorte que cela soit un souvenir de l'histoire et pas un élément du présent de cette si belle région.

 

Merci beaucoup, merci pour le travail que vous faites.

 

Lien vers la vidéo: https://audiovisual.ec.europa.eu/en/video/I-172612

Category
HR/VP speeches
Location

Djibouti

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Djibouti
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