Message de l’Ambassadeur de l’Union européenne en RD Congo à l’occasion de l’ouverture du Forum des culturels au Musée national

20.10.2020
Brussels

Honorables sénateurs et députés,

Monsieur le Ministre de la Culture et des Arts,

Mme la Commissaire générale à la Culture et aux Arts de la ville province de Kinshasa,

Mme la Déléguée générale à la Francophonie,

Mme la Déléguée générale de la Fédération Wallonie-Bruxelles,

Monsieur le Directeur général de l’Institut des musées nationaux,

Monsieur le Directeur de l’Institut national des arts,

Monsieur le Directeur de l’Académie des Beaux-Arts,

Monsieur le Coordinateur du CAC, le Collectif des artistes et des culturels,

Madame la Directrice de l’Institut français de Kinshasa,

Distingués invités,

Chers partenaires, chers amis,

 

 

C’est une réelle joie pour moi de revenir dans ce lieu magnifique et prestigieux qu’est le nouveau musée national, une formidable et riche vitrine de l’histoire et de la culture de ce pays.

Vitrine tant au bénéfice des congolais que du reste du monde, d’ailleurs !

Man talking into a lectern

Tout d’abord, je tiens à vous féliciter pour cette deuxième édition du forum après le premier tenu en août 18. J’en profite pour remercier les organisateurs : le CAC bien sûr mais également M. le Ministre de la Culture avec qui le CAC est entré en partenariat ainsi que la Cofed.

Le 1er forum avait eu pour thème : « le réveil culturel face aux enjeux de l’heure », avec plus de 600 participants me dit-on.

Sur la question du réveil, je dois dire que je n’ai aucun doute à ce sujet ! Les artistes et acteurs culturels congolais se sont-ils seulement assoupis un jour ?

Plus sérieusement, si j’en crois la stratégie nationale congolaise de développement, à savoir le PNSD le Plan quinquennal National de Stratégie de Développement 2018-2022 de la RDC, validé par le gouvernement, l'environnement culturel congolais est présenté comme étant dans une situation de léthargie, due essentiellement à l'absence de politique nationale culturelle cohérente. Cette situation, note le PNSD, "est due aux conflits politico-militaires qui ont été à la base d’une mauvaise gestion économique et des pillages de tout genre".

Bien que reconnaissant la pléthore et la diversité des cultures qui la caractérisent, le gouvernement souligne dans son PNSD que : "Des initiatives ont été entreprises pour doter le pays d'une politique culturelle nationale mais elles se sont heurtées, d'une part, à certains choix idéologiques imposés par le pouvoir politique et, d'autre part, à l'inefficience des opérateurs culturels eux-mêmes qui ne se sont pas appropriés le destin culturel de la nation."

Audience during an event

 

Comme je le soulignais à l’instant, Je vous félicite parce que vous êtes parvenu à organiser cette deuxième édition dans le présent contexte sanitaire un peu compliqué que nous vivons.

Ce genre d’initiative doit s’inscrire dans la durée ! Comme pour toute aventure humaine, il faut faire preuve de constance si on veut avancer dans ce secteur, car c’est un travail de longue haleine qui vous attend au regard de vos ambitions pour la culture et les artistes et aussi compte tenu des défis à relever dans ce beau et grand pays.

Ensuite je voudrais réfléchir librement avec vous sur le sens de tout cela : pourquoi sommes-nous réunis aujourd’hui ? Pourquoi l’Union européenne vous accompagne – modestement – dans cette initiative particulière et dans le secteur culturel en général ?

J’entends parfois dire que tout cela est tellement dérisoire et que les vrais problèmes sont ailleurs : insécurité, guerres, pauvreté, faim, coalition, accès à la santé ou à la justice, problème ethniques, Covid 19, etc.

Et pourtant, la culture n’est-elle pas le seul moyen d’échapper à la stupidité, comme disait Grégoire Lacroix , cet écrivain français du 20ème siècle ?

L’ancien Ministre français de la culture, Renaud Donnedieu de Vabres, a écrit que « la culture est un antidote à la violence, car elle nous invite à la compréhension d’autrui et féconde la tolérance, en nous incitant à partir de la rencontre d’autres imaginaires et d’autres cultures. »  N’est-ce pas plus que jamais nécessaire ici et de par le monde ?

Et pour sortir du monde français et européen, quoi de mieux qu’un proverbe africain : « la culture est la possibilité même de créer, de renouveler et de partager des valeurs, le souffle qui accroit la vitalité de l’humanité ».

Oui, la culture est un formidable outil de cohésion sociale d’un peuple et elle permet de stimuler l‘intelligence et la conscience de ce peuple.

Je vois encore d’autres bonnes raisons pour appuyer la culture : en effet, elle constitue un moyen efficace de création de richesses et d’emplois. On parle des « industries culturelles ».

De plus, qui mieux que vos musiciens, vos plasticiens et autres danseurs peut servir de carte de visite ou de vitrine pour votre pays ?

Il est temps que l’on vous connaisse mieux dans le monde et pour d’autres choses que les violences à l’est, Minembwe, la corruption, Ebola ou la faim !

Et je ne pense pas uniquement à la Rumba, aux biennales de Lubumbashi et de Kinshasa ou au festival Amani de Goma ! Mais je pense à cette myriade d’artistes qui excellent dans tous les domaines. Parfois je me dis même qu’il y a ici autant d’artistes que d’habitants ! Une foi et une énergie qui déplace les montagnes. Tout est possible !

Et notre intérêt à nous européens, quel est-il ? Quelle est notre diplomatie culturelle ?

Le plus important pour nous est la question des échanges : échanges sur nos valeurs communes, les droits humains, la promotion des jeunes et des femmes. Cela s’incarne très concrètement par des échanges entre artistes et professionnels entre les deux continents.

Notre veille Europe a appris dans le sang et les larmes à s’unir dans la diversité. Humblement, nous partageons cette expérience avec tous nos partenaires.

Notre intérêt est l’émergence d’un Congo fort ! Fort de sa richesse culturelle, de son unité dans la paix et la diversité. Fort et fier de sa culture !

C’est donc tout naturellement que nous venons modestement appuyer toute réflexion et action permettant de valoriser et renforcer le secteur culturel. Nous soutenons la culture en tant que moteur du développement social et économique durable

 

 

Monsieur le Ministre,

Mesdames et Messieurs,

Distingués invités,

Chers partenaires,

L’UE appuie le secteur culturel depuis près de 5 ans.

Nous préparons actuellement le renouvèlement et le renforcement de notre intervention, non seulement via la Cofed, mais également via le nouveau partenariat que nous avons avec le Pôle Eunic en RDC qui regroupe les instituts culturels européens : le Centre Wallonie-Bruxelles, l’Institut français, le Goethe Institut allemand ainsi que l’Institut Camoës portugais, sans oublier les ambassades d’Italie et d’Espagne.

Et Je ne peux terminer mon propos sans féliciter une nouvelle fois les organisateurs du présent forum qui ont réussi à nous mobiliser tous ce lundi matin.

Vive le Partenariat UE – RDC !

Vive la culture congolaise et ses 90 millions d’artistes !

Longonya na bino banso !    

(félicitations à vous)

Matondi mingi                          

(Merci de votre attention)