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Semaine de l’Europe en Tunisie - Discours de S.E.M Patrice Bergamini, Ambassadeur de l'Union européenne en Tunisie lors de la soirée de l'Europe du 14 juin 2019 (Extraits)

24.06.2019
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« Mesdames et Messieurs,

 

(...)

 

Merci d’avoir accepté aussi nombreux cette invitation pour célébrer ensemble, ce soir, cette fête de l’Europe, ici, à Carthage, aux Thermes d’Antonin.

 

Depuis bientôt trois ans en Tunisie dans mes fonctions d’Ambassadeur de l’Union européenne, je mesure un peu plus chaque jour combien l’histoire de ce pays est unique, magnifique et exceptionnelle.

 

Cette histoire, vous la connaissez bien sûr mieux que moi. Il s’agit de votre histoire. L’histoire d’hommes et de femmes qui ont décidé de renouer pacifiquement et démocratiquement avec leur dignité; de revendiquer leurs libertés, liberté de penser, de s’exprimer, de créer, d’entreprendre; et d’assumer leur égalité.

 

Cette histoire fait qu’aujourd’hui Tunisiens et Européens partagent des valeurs communes.

 

Nous partagions depuis 3000 ans l’histoire et la géographie de nos peuples en Méditerranée. Aujourd’hui, nous partageons aussi des valeurs communes. (...)

 

Ces valeurs font que l’Europe est devenue le premier partenaire et le meilleur allié de la Tunisie.

 

Ces valeurs font que, au-delà des montants financiers considérables qu’engage ici l’Europe - des montants parmi les plus importants au monde par habitant pour un seul pays -, la Tunisie est le premier pays où l’Union européenne a engagé tous ses outils de coopération. C’est unique.

 

Mais ce soir, je ne souhaite pas vous parler d’argent, ni de programmes de coopération.

 

Je souhaite plus simplement et très sincèrement vous parler de culture. Car, à la fin des fins, c’est bien la culture qui nous rassemble, et nous sauvera peut-être.

 

La culture, c’est d’abord le patrimoine. Quel meilleur site archéologique que celui des Thermes d’Antonin pour le souligner. L’année dernière, pour la même occasion, je m’étais engagé devant vous pour annoncer ma volonté de voir l’Europe aider à la rénovation du Musée de Carthage et du site de la colline de Byrsa. Ce soir, grâce au volontarisme du gouvernement tunisien et celui de pays européens au premier rang desquels la France, je suis heureux de pouvoir vous annoncer que les travaux vont pouvoir commencer cette année.

 

La culture, c’est aussi le lien entre tradition et modernité. Ce lien ici, en Tunisie, c’est l’artisanat. C’est pourquoi l’Union européenne a déjà financé la construction d’un premier « Hub design » à Nabeul. D’autres, où artisans et designers peuvent désormais travailler ensemble, suivront bientôt. Dans ce cadre, j’étais hier accueilli à la Fondation Rambourg pour célébrer la publication de la première cartographie raisonnée de l’objet artisanal en Tunisie. (...)

 

La culture peut aussi être digitale désormais. La Tunisie regorge de jeunes talents du numérique. Il faut les encourager et les soutenir surtout. L’Union européenne s’y emploie. J’étais également hier à la Cité de la culture avec la ministre de l’Emploi et le Secrétaire d’Etat à la Jeunesse pour soutenir la Fondation pour le développement de la Tunisie portée par Badreddine Ouali et discuter du futur des start-ups tunisiennes. (...)

 

La culture, c’est bien sûr l’art contemporain. Pour d’évidentes raisons. Mais aussi parce que là encore la Tunisie foisonne de jeunes artistes qu’il faut voir et faire voir. (...) C’est la raison pour laquelle, ce soir, je suis particulièrement heureux de pouvoir vous annoncer ma volonté d’aider à la construction d’un Centre d’Art contemporain au cœur de la ville de Tunis, sur le site des abattoirs. Nous discutons ensemble depuis plusieurs mois la Maire de Tunis et moi-même de ce magnifique projet. Il sera notamment soutenu par la Fondation Kamel Lazar, prête, comme l’Union européenne, à y contribuer financièrement ainsi qu’en mettant à disposition sa propre collection. (...) Toutes les autres bonnes volontés seront naturellement les bienvenues pour faciliter l’aboutissement de ce projet tunisien.

 

Enfin, la culture, cela peut être également la mode. Parce que la mode permet de mieux comprendre le monde en ce qu’elle fait la part belle à ce qui fait rêver les femmes, et les hommes aussi naturellement. En ce sens, la mode offre de mieux saisir l’identité d’une société. Pas seulement dans l’instant d’une photo glacée ou l’euphorie d’un défilé; mais bien au-delà, dans la robe d’un créateur qui ira chercher son inspiration dans l’imaginaire du monde qui l’entoure, ou dans la tendance qu’un designer aura conçue comme un lien entre l’ancien et le nouveau monde. La mode enfin ne parle pas que de consommation. Elle parle aujourd’hui, aux jeunes en particulier, d’emplois, et à tous, de plus en plus, d’économie durable : les futures générations savent déjà qu’elles ne pourront plus ni produire ni consommer comme celles d’avant. Et de nouveau, la mode, de la fripe traditionnelle à la reconversion des fibres plastiques, s’impose comme le laboratoire avant-gardiste du monde de demain.

 

La Tunisie n’échappe pas à la règle.

 

C’est pourquoi j’ai souhaité, cette année, mettre la journée de l’Europe à la mode tunisienne en invitant ce soir des créateurs aux Thermes d’Antonin. Ils auraient pu être bien sûr plus nombreux tellement la nouvelle Tunisie regorge là encore de jeunes talents. Avec les sept maisons de création que vous allez admirer dans quelques instants, portées par cinq femmes et quatre hommes, je souhaite mettre à l’honneur la fameuse mosaïque tunisienne. (...)

 

Vous l’aurez compris, ce soir, plus que de coutume peut-être pour un Ambassadeur, j’ai fait le choix de parler très directement d’autres partenaires pour l’Europe que celui qui reste naturellement mon partenaire naturel, nécessaire et incontournable et qui est l’Etat tunisien.

 

Pourquoi ? Simplement parce que plus jamais je crois que la Tunisie a besoin en cette année cruciale, électorale, de mobiliser toutes ses belles énergies et de réussir à les faire travailler ensemble pour le bien de tous, en Tunisie, mais aussi au-delà, dans la région et en Europe. (...)

 

En tant qu’Européen, je sais combien le consensus et la cohabitation peuvent parfois malheureusement être considérés comme des freins à la décision et à l’action. Mais nous n’oublierons jamais que c’est grâce au consensus et à la cohabitation, au sens du compromis et du respect de l’Autre, que l’Europe n’a connu, pour la première fois de sa longue histoire, aucun conflit depuis près de 70 ans.

 

Comme en Europe, la Tunisie gagnera à préserver cette culture démocratique et tous ses principes, ces fameuses valeurs qui nous sont donc désormais communes, mais qui ne sont jamais définitivement acquises. La liberté et la démocratie ne vont malheureusement jamais de soi; en Europe comme ici et ailleurs dans le monde, elles exigent de chacun de nous le meilleur de nos consciences et de nos engagements de citoyens. (...)

 

Au-delà, au-delà de la culture démocratique du consensus, de la cohabitation, il y a en effet une notion  fondamentale : celle du vivre-ensemble.

 

Vivre ensemble, Mesdames et Messieurs. Vivre ensemble en Tunisie. Vivre ensemble entre Tunisiens et Européens. Voilà ce qui est en jeu pour nous-mêmes, nos enfants et les futures générations.

 

Je vous remercie.

 

Vive la Tunisie. Vive l’Europe. »

 

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