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Remarques de la Haute Représentante/Vice-Présidente Federica Mogherini au point de presse commun avec Moussa Faki Mahamat, Président de la Commission de l'Union Africaine

22.11.2017
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Seule la version écrite fait foi!

Premièrement, je voudrais partager avec vous, la satisfaction avec laquelle je reçois encore mon ami, Moussa Faki [Mahamat], le Président de la Commission [de l'Union] africaine, avec lequel nous avons toujours très bien travaillé ensemble, depuis qu'il fut Ministre des Affaires étrangères dans son pays et après qu'il ait pris ses fonctions à Addis-Ababa. Mais surtout, nous avons beaucoup travaillé lors de ces derniers mois pour la préparation d'un Sommet entre nos deux Unions, qui va être pour la première fois un sommet entre l'Union africaine et l'Union européenne, à Abidjan, la semaine prochaine.

Ce sera un Sommet très important, pas comme les autres. La situation actuelle nous oblige à être extrêmement ambitieux, à coopérer de manière extrêmement étroite sur plusieurs sujets, que cela soit le développement économique, la croissance, l'emploi, les investissements, le changement climatique, la paix, la sécurité. Il est évident que nos deux continents doivent trouver des réponses ensemble; autrement, il n'y aura pas de réponses efficaces.

Entre l'Union européenne et l'Union africaine, entre l'Europe et l'Afrique, il n'y a que 14 kilomètres, donc ce qui se passe en Afrique a un impact direct sur l'Europe et ce qui se passe en Europe a un impact immédiat sur l'Afrique. Donc, nous avons depuis des mois maintenant établi un principe fondamental; celui selon lequel notre travail commun est basé sur le partenariat - un partenariat d'égaux, dégagé de la relation donateur-récipiendaire, qui vient du siècle passé. Nous essayons de trouver des solutions ensemble, en tant que partenaires.

 

Ce sommet va être placé sous le thème de la jeunesse. Tous les deux, nous avons rencontré séparément des jeunes Européens et Africains, qui sont en train de travailler ensemble, depuis des semaines, pour amener leurs contributions au sommet, avec beaucoup d'idées, des idées qui sont très utiles – je pense – pour nos chefs d'Etat et de Gouvernement. Nous allons les écouter et essayer de transformer leurs suggestions en décisions politiques.  

Et, cela va nous aider à placer le Sommet dans un contexte de pluralité réelle, c'est-à-dire que, bien sûr, la question des migrations sera un thème central, mais ce n'est pas un sommet sur les flux migratoires, ce n'est pas un sommet qui est le suivi du Sommet de La Valette. C'est un sommet entre l'Union européenne et l'Union africaine, surtout sur le développement, les défis en matière de paix et de sécurité, les investissements, et aussi la gouvernance.

L'Union européenne est le premier partenaire de l'Afrique dans le domaine commercial, le principal investisseur, le premier donateur, avec plus de 20 milliards d'euros par an que l'Union européenne investit en Afrique dans ces différents secteurs. Nous sommes aussi le premier acteur à soutenir le travail en matière de paix et de sécurité en Afrique.

Nous le faisons bien sûr parce que nous sommes amis et voisins, mais nous le faisons surtout parce que nous comprenons très bien que c'est un investissement dans notre propre paix et sécurité. Donc nous continuerons à l'être.

En ce qui concerne l'économie et l'investissement, je suis heureuse de voir que les premiers domaines d'intervention du Plan d'Investissement Extérieur de l'Union européenne, qui a été adopté le mois dernier, vont être lancés demain. Ce plan européen doté de 4.1 milliards d'euros aura le potentiel de mobiliser plus de 44 milliards d'euros d'investissement du secteur privé, pour aider la création d'emploi, la connectivité, les petites et moyennes entreprises en Afrique, notamment dans les régions les plus fragiles. Il n'y a donc pas seulement des déclarations de principe, mais il y a aussi des décisions très concrètes, desquelles – je l'espère – vont suivre également des décisions importantes du secteur privé.

En matière de sécurité, l'Union européenne continuera à soutenir le maintien de la paix et de la stabilité de nos partenaires, grâce aussi à nos missions civiles et militaires. 30.000 soldats, policiers, juges ont été formés au cours des dernières années en Afrique, et nous allons également renforcer notre soutien à la force conjointe du G5 Sahel, à laquelle nous avons déjà donné 50 millions d'euros, pour qu'elle puisse commencer ses activités. Nous pensons qu'il n'y a que des réponses africaines aux défis dans la région, surtout en matière de criminalité organisée, de terrorisme, et de trafiquants que ce soit de drogue, d'armes ou de personnes.

Enfin, je voudrais terminer sur la question des migrations. Nous en avons beaucoup discuté, pas seulement aujourd'hui, mais aussi les autres fois où nous nous sommes rencontrés, avec toujours la même approche - celle de mettre au centre les personnes, les migrants, de démanteler les réseaux criminels qui pratiquent le trafic d'êtres humains, et de sauver des vies, de protéger la dignité et les droits des personnes qui partent de leur pays d'origine, et qui souvent se trouvent dans des conditions inacceptables entre les mains d'organisations criminelles qui n'ont aucune limite quand il s'agit du respect des personnes.

Du côté européen, du côté africain, nous partageons le même objectif: celui de protéger les personnes et de démanteler les réseaux criminels. Finalement, je pense que dans les derniers dix, douze mois, nous avons trouvé la façon de travailler ensemble, avec un partenariat réel, profond, qui – je pense – peut arriver à avoir des résultats importants.

Premièrement, je voudrais souligner le fait que quand nous parlons de migration, nous ne parlons pas seulement de migration d'Afrique vers l'Europe. La majorité de flux migratoires est à l'intérieur de l'Afrique, donc ce thème n'est pas un thème Nord-Sud, c'est un thème global sur lequel, encore une fois, nous sommes partenaires pour la recherche de solutions.

La situation des migrants surtout en Libye lors de ces derniers mois et années est une source d'immense préoccupation pour nos deux continents. Les révélations d'esclavage et de traite d'êtres humains sont insupportables pour nous, des deux côtés – européen et africain - je pense. Dès leur publication, j'ai discuté non seulement avec mon ami Moussa Faki [Mahamat] mais aussi avec le Président de l'Union africaine, Alpha Condé, pour aborder nos actions communes afin de faire cesser ces pratiques dans la plus grande urgence. Nous avons agréé de demander aux autorités libyennes d'agir pour amener les auteurs de tels crimes devant la justice et surtout de faciliter l'accès de l'Organisation Internationale des Migrations (OIM) et du Haut-Commissariat aux Réfugiés (HCR) aux centres de détention en Libye pour qu'ils puissent augmenter le niveau d'assistance, pour sauver des vies et surtout pour organiser des retours volontaires.

Je voudrais rappeler que cela fait exactement un an que j'ai signé avec l'OIM un mémorandum d'entente et un soutien financier important de la part de l'Union européenne à l'OIM pour qu'ils puissent travailler en Libye et faire exactement cela – avoir accès aux camps de détention, sauver des vies, assister des gens et organiser le retour de ceux qui veulent rentrer dans leur pays d'origine. Depuis lors, plus de 10 000 personnes ont été assistées pour rentrer volontairement chez elles grâce à notre coopération avec l'OIM.

Bien sûr, 10 000 est un nombre important mais pas nécessairement suffisant; nous avons discuté aujourd'hui de comment augmenter notre travail commun et notre pression commune pour que le travail de l'OIM puisse avoir plus d'espace et plus de résultats dans les jours et semaines à venir.

En parallèle, je dois aussi dire que le mécanisme de réinstallation que nous avons lancé avec le HCR a également commencé : les premières 25 personnes nécessitant une protection internationale ont été évacuées de Libye la semaine dernière. 

Donc cela commence à avancer, c'est trop peu encore mais avec la force de notre partenariat Union africaine, Union européenne et bien sûr les Nations Unies et ses agences, et avec la détermination que nous partageons à sauver des vies et à démanteler les réseaux criminels, nous pourrons avoir des résultats importants. Nous espérons aavoir également d'autres partenaires à nos côtés dans ces efforts.

Le Sommet sera donc une opportunité, non pas pour tourner la page parce que notre coopération était déjà bonne, mais pour augmenter son niveau, pour devenir vraiment un partenariat stratégique, important, politique, dans tous les domaines d'action – comme je l'ai dit – de l'économie, à la paix, au climat, à la création d'emplois, aux investissements et à la mobilité.

Je suis désolée, j'ai été longue mais il y a tellement de sujets sur lesquels nous travaillons ensemble que c'est seulement le début, le reste la semaine prochaine à Abidjan.

Lien vers la vidéo: https://ec.europa.eu/avservices/video/player.cfm?ref=I147091

 

Q. Le gouvernement de M. [Fayez al-] Sarraj en Libye, quand bien même il essaie de faire ce qu'il peut, n'a pas les moyens, n'a pas le pouvoir sur tout le territoire. Pourquoi ne pas demander, l'Union européenne et l'Union africaine, à la Cour pénale internationale d'enquêter sur les crimes, qui sont des crimes contre l'humanité, comme ceux d'esclavagisme? Mme Mogherini, vous avez parlé du HCR et de l'IOM, qu'ils aillent voir dans les camps: il y a beaucoup de camps de détention qui sont entre les mains des milices et des seigneurs de guerre, et cela sont en dehors de l'autorité du gouvernement de M. Sarraj.  

 

Premièrement, il y a un an, ni l'OIM ni le HCR n'étaient présents en Libye et je suis – je dois dire – personnellement fière, même si c'est difficile d'utiliser ce mot dans la situation que nous voyons en Libye, du fait que maintenant ils commencent à avoir accès aux camps. J'ai mentionné les 10.000 personnes qui ont été assistées grâce au fait que l'Union européenne a demandé aux agences des Nations Unies - à l'OIM et le HCR - de se rendre en Libye, de travailler en Libye.

 

Nous avons aussi mis beaucoup de pression sur nos partenaires libyens - pas seulement le gouvernement - pour que l'OIM et l'UNHCR puissent avoir un maximum d'accès aux camps. Ce n'est pas un travail qui a été accompli, mais c'est un travail qui, au moins, a commencé. Il y a un an, les migrants étaient en Libye. Leur situation n'était pas forcément connue du grand public mais l'OIM et le HCR n'étaient pas sur place.

 

Aujourd'hui, nous avons fait un pas en avant, et plus nous progressons dans l'accès aux camps de détention, plus nous découvrons des situations inacceptables. Nous étions conscients de ces drames; personnellement, j'ai rencontré tellement de migrants, qui ont survécu à ces drames, qui sont arrivés sur les côtes de l'Italie, pour ne pas avoir de doutes que ce cela se produit depuis des années. C'est exactement pour cela que nous avons poussé, de cette manière extrêmement forte, et aussi financé complètement le travail de l'OIM et du HCR dans le pays.

 

Nous sommes exactement sur la même longueur d'ondes. Il faut que l'Union africaine, l'Union européenne et les Nations Unies poussent fortement et conjoitemenr pour que ce processus soit beaucoup plus ouvert et beaucoup plus approfondi. Nous voulons sauver tous les migrants qui sont en Libye maintenant, surtout les gens qui sont les plus vulnérables. Je pense aux femmes, aux enfants, qui ont vraiment fait face à une situation inconcevable, inconcevable. 

 

Pour ce qui concerne la Cour pénale internationale, comme vous le savez, l'Union européenne est probablement l'acteur au monde qui soutient le plus le travail de la Cour. Nous avons une coopération très étroite avec la Cour pénale internationale, surtout sur les questions sur lesquelles la Cour travaille, y compris les crimes contre l'humanité, y compris les trafics d'êtres humains. La compétence et la décision d'ouvrir des investigations appartiennent à la Cour donc nous respectons leurs prérogatives. Mais, comme vous le savez, l'Union européenne soutient toujours ses investigations et – je voudrais dire – encourage aussi tous les Etats Membres au statut de Rome à faire exactement la même chose. Donc, la Cour peut toujours compter sur le soutien de l'Union européenne et j'espère que cela peut être le cas aussi pour tous les autres partenaires.

 

Q. Sur le Sahara occidental, en avez-vous parlé, parce que cela risque d'être un des grains de sable même dans cette relation? Et, si vous en avez parlé, avez-vous une position commune? Si oui, laquelle?

 

De notre côté, je n'ai pas grand-chose à ajouter.

 

Comme le Président [Moussa Faki Mahamat] l'a dit, pour nous cela était clair que la participation au Sommet était une question à gérer au sein de l'Union africaine, du côté africain, tout comme c'était le cas pour l'Union européenne du côté européen. Nous avons exprimé l'intérêt que tous soient présents au Sommet à Abidjan, et bien sûr, nous avons soutenu les démarches, le travail que le Président [de la Commission de l'Union Africaine] Moussa Faki [Mahamat] a conduit ces derniers mois, avec une capacité extraordinaire de résoudre une question qui aurait pu être compliquée.

 

Nous l'avons soutenu, et bien sûr, comme vous le savez déjà très bien, la composition de la participation à un Sommet ne change pas le contenu de notre position sur une question ou une autre. Mais, pour nous, c'était très important, que l'Union africaine en tant que telle trouve des solutions africaines à une question qui n'avait pas à être gérée par l'Union européenne.

 

Après avoir dit cela, bien sûr, cela ne change en rien notre position sur le Sahara occidental.      

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